Un film tourné en 2010 et qui a ensuite traîné dans les tiroirs de son distributeur. Pourquoi un tel délai ? Le métrage d’Adam Wingard, c’est vrai, est doté d’un pitch de slasher basique qui, sur le papier, n’a pas de quoi rameuter les foules et remplir les salles. Et pourtant… En compétition cette année à Gérardmer, You’re Next a été ni plus ni moins l’expérience de projection la plus exaltante vécue par les festivaliers !

L’histoire est celle d’une famille bourgeoise réunie pour un court séjour à l’initiative des parents, jeunes retraités, dans leur majestueuse demeure à l’écart de la ville. Au cours du premier acte, les grands enfants arrivent, un par un, flanqués de leur conjoint. Les choses sérieuses s’engagent au moment du dîner dans la salle à manger : au dehors, un groupe d’individus masqués armés d’arbalètes prend tout à coup pour cibles les convives. Les flèches tirées du dehors font voler les vitres en éclat, le bodycount s’enclenche… S’ensuit un jeu de massacre et du chat et de la souris proprement délirant, à la mise en scène constamment inventive. Les assaillants ont bien sûr un mobile pour tirer les personnages comme des lapins, on en saura bien plus à ce sujet dans la dernière bobine. Mais l’essentiel est que Wingard soit parvenu à emballer quelque chose comme un Tex Avery live et sanglant, un Bip-Bip et le Coyote en chair et en os où des tueurs portant masques d’animaux s’en prennent notamment à un drôle d’oiseau en la personne d’Erin, une demoiselle jeune et jolie qui se révèle être une championne de la survie en milieu hostile !

Aussi réactif que l’héroïne, le public de Gérardmer, impliqué à fond dans le spectacle, s’est amusé pendant une heure et demie à lancer des avertissements aux personnages, on a crié de surprise, ri, applaudi… Une communion festive à laquelle, sans doute, personne ne s’attendait avant que ne débute la projection. You’re Next sort dans exactement un mois dans les salles, où l’on ne trouvera, j’imagine, qu’un public de rentrée clairsemé bien loin de réserver un pareil accueil. Alors OK, l’ambiance ne sera pas du tout la même, cela enlèvera-t-il pour autant à la qualité du film ? Évidemment non, et si vous n’étiez pas à Gérardmer en janvier, vous allez avoir la chance de découvrir quand même le spectacle sur grand écran, ce qui n’est pas rien et lui fait davantage honneur qu’une sortie directement en vidéo. Le dvd, vous en ferez l’acquisition un peu plus tard, histoire de savourer de nouveau, en privé, les délices sanglants mis en images par Adam Wingard, cinéaste inégal ici en pleine effervescence créative.

Sortie dans les salles françaises le 4 septembre 2013.