Le quotidien des rock-stars en tournée, imaginez un peu, ce serait le paradis sans les journaleux qui vous tombent sur le dos alors que vous n’aviez qu’une envie, sortir deux ou trois Budweiser du frigo pour vous rafraîchir les cordes vocales backstage ! Interview express entre deux scènes avec Wednesday 13, en pleine tournée américaine au moment de la sortie d’Horrifier, le dernier album du groupe, disponible depuis le 7 octobre chez Napalm Records.
Khimaira : Bonsoir, Wednesday 13 ! Toi et ton groupe êtes en plein milieu d’une tournée. Comment ça se passe, jusqu’ici ?
Wednesday 13 : Pour l’instant, chaque concert a été génial ! Retrouver la route et la scène après deux ans de coupure forcée, c’est forcément génial… Je regrette qu’on ne vienne pas, comme il était prévu, en Europe cet automne, en tournée avec Ministry et The 69 Eyes [la tournée a été annulée courant septembre — NdR]. Mais on essaie de goupiller quelque chose pour venir quand même début 2023. On y travaille…
J’apprécie ton dernier album Horrifier entre autres pour son approche directe de l’horreur. Est-ce que tu t’es imposé une ligne directrice pendant l’écriture, ou bien n’as-tu fait que suivre ton inspiration ?
Wednesday 13 : C’est mon inspiration et rien d’autre ! L’horreur a fait son nid dans mon âme depuis mes plus jeunes années, et ces choses me viennent tout naturellement.
La première vidéo tirée de l’album, c’est You’re so Hideous, un remake de 4 minutes de L’Exorciste, et elle est arrivée sur YouTube pour ainsi dire 50 ans jour pour jour après le premier clap du tournage du film de William Friedkin. C’était intentionel ?
(Rires) Ah non, je ne m’en étais pas rendu compte. Mais c’est chouette, comme coïncidence. L’Exorciste est l’un de mes films préférés depuis que je l’ai découvert étant gamin. J’ai adoré recréer l’ambiance et le feeling de ce film pour le clip.
Dirais-tu que L’Exorciste est le film le plus flippant que tu ais vu ? C’est souvent le cas pour plein de fans d’horreur…
Non, même si je l’ai vu pour la première fois étant vraiment tout gosse, assis à côté de ma mère. Elle était morte de trouille, et c’était de la voir dans cet état qui m’a surtout impressionné. Le film qui m’a le plus foutu les jetons, c’est Creepshow [de George Romero, 1983 — NdR].
Dans l’album, il y a deux chansons qui font référence à John Carpenter. Je commencerai par Christine: Fury in the Night. Christine, est-ce que c’est un film que tu as revu récemment ? Quand tu écrivais la chanson, par exemple ?
C’est un film que je regarde tout le temps ! Je veux dire par là que je ne reste jamais une année sans visionner Christine plusieurs fois. C’est un chef-d’œuvre à mes yeux.
Et la musique du film était signée de John Carpenter lui-même, c’est un des rares réalisateurs — peut-être même le seul ? — à être également le compositeur de ses films…
Et il se trouve que c’est mon compositeur de bandes originales préféré ! Il est d’une régularité parfaite, il compose systématiquement de super musiques, pour chacun de ses films. Bien sûr, il y a d’autres musiciens qui sont aussi très bons dans ce domaine, mais voilà : d’Halloween à New York 1997 en passant par The Fog, chez John Carpenter, quelle que soit la b.o., on reste dans l’excellence.
Autre titre de l’album inspiré de Carpenter, Return to Haddonfield, qui renvoie à Halloween. Si on considère tous les films de la série et pas seulement le premier, de Carpenter, on ne peut pas nier que la qualité est inégale. Récemment est sorti Halloween Kills, pas terrible du tout, avec la chanson Hunter’s Moon de Ghost dans le générique de fin. Tu n’aurais pas préféré que ce soit Return to Haddonfield qu’on entende à la place ?
Pour ne rien te cacher, j’ai écrit la chanson dans cet esprit-là, comme si je la composais pour un générique de fin. On aura peut-être la chance de l’entendre un jour — celle-ci ou une autre — à la fin d’un Halloween… Mais je n’ai aucun regret pour Halloween Kills : je suis un super fan de Ghost, je trouve que c’est actuellement un des meilleurs groupes du monde.
La video d’Insides Out est assez hard, elle est un peu dans un esprit « torture porn », non ?
Eh bien, non, je ne suis pas tellement client de genre de films. Pour ce clip, on s’est plus inspirés de Massacre à la tronçonneuse 2 et de quelques autres… Il fallait que ce qu’on y montre corresponde aux paroles et à la musique.
Allez, je te pose pour finir une question que j’aime bien poser aux musiciens en fin d’entretien : en tant qu’auditeur, quel est le dernier album que tu as découvert ?
J’ai profité de mon temps libre pendant la pandémie pour me plonger dans toute la discographie de Devo. C’est donc que je te répondrai : les albums de Devo.
Et le dernier album que tu as adoré sans réserve, du début à la fin, c’était… ?
Impera de Ghost. Parfait, du début à la fin.
Propos recueillis en octobre 2022. Un grand merci à Magali Besson (Sounds Like Hell Productions) et à Lisa Gratzke (Napalm Records Berlin).