Karo Hämäläinen a été à la fois journaliste économique et directeur éditorial d’un magazine littéraire très connu en Finlande. Suite à ces expériences, il ne pouvait que devenir écrivain. Il est l’auteur de trois romans dont le plus récent est le seul traduit en français aux éditions Actes Sud. Surfant sur la vague des polars scandinaves, cet éditeur a découvert quelques pépites et Karo Hämäläinen est loin d’être la moindre.
L’auteur nous offre un huis clos où les relations entre les différents protagonistes vont peu à peu se dégrader jusqu’à ce que l’irréparable soit commis. Cela, le lecteur le sait dès le départ. Cependant, il ignore qui va faire quoi et qui va bien pouvoir survivre à cette soirée où tout est dit dès le premier chapitre. Deux couples se retrouvent chez l’un d’entre eux dans un des plus chics gratte-ciels de Londres.
C’est chez Robert, le financier à qui tout réussit, que la soirée est prévue. Robert est ambitieux et sa jeune épouse, Élise, semble être une jeune femme volubile et inconséquente. Robert a fait beaucoup de mal pour réussir, mais c’est la rançon du succès. Ce sont ses deux amis du temps où ils fréquentaient les mêmes lycées finlandais qui sont ses invités. Mikko et Veera.
Mikko est un journaliste d’investigation craint en Finlande. Il n’aime rien tant que de remuer les affaires financières qui ont mis fin à la carrière de nombreux capitaines d’industrie trop imbus de leur personne pour s’intéresser aux humains qu’ils exploitaient. Robert est l’exemple même de ce qu’il déteste, mais c’est néanmoins son ami. Ils ne se sont pas revus depuis plus de dix ans, et pourtant il est bien décidé à tuer Robert.
Veera est infirmière et est l’épouse de Mikko. Avec lui, ils sont les parents de Julia qui est restée en Finlande durant le week-end et doit organiser une fête dans la maison familiale. Veera semble tempérée et est pourtant agacée par les calculs et spéculations incessantes de Mikko sur tout, jusqu’à la réservation d’un simple billet. Elle espère trouver dans cette soirée londonienne un peu de répit. Comme vous l’aurez deviné, ce n’est pas du tout ce qu’il va se produire.
L’écrivain répond aux règles principales du thriller, car même s’il y a peu d’action hormis en fin de roman, il a rédigé de courts chapitres, chacun du point de vue d’un des quatre protagonistes et avec pour fil rouge la fuite du ou de la survivant(e), tout en préservant son identité jusqu’à la fin. Des personnages qui, de prime abord, pourront sembler archétypaux et à la limite caricaturaux vont se révéler de plus en plus complexes.
Au fil du récit, les démons du passé et du présent vont peu à peu prendre forme. La tension, déjà élevée avec les intentions criminelles de Mikko, va peu à peu monter jusqu’à son paroxysme avec les crimes que tous les lecteurs attendent. Alors oui, on prend un réel plaisir à spéculer sur le qui tue qui et pourquoi, mais c’est loin de la réalité qui, dans une frénésie meurtrière ultime et parfois un peu excessive, va nous révéler enfin qui va survivre à cette soirée.
Les surprises sont nombreuses et la traduction de Sébastien Cagnoli mérite d’être mise en avant, car cela a dû être un travail complexe que de transposer tout cela dans notre langue. Même si la fin peut paraître un peu alambiquée, cet ouvrage tient ses promesses et les lecteurs en haleine. Espérons que cet auteur trouve encore ce souffle pour d’autres récits à l’avenir. Une belle découverte pour un agréable moment de lecture.