Pendant que nous vivons dans un monde que nous pensons connaître, bercés de certitudes quant à ce qui constitue notre civilisation, nous ignorons tout de la multitude d’univers parallèles dans lesquels se déclinent tous les possibles. Tout comme nous ignorons tout de la puissante organisation qui veille à ce que tout se passe bien dans toutes les versions de la Terre, quels que soient les moyens employés.
Ce sont plusieurs voix, apparemment sans relation, qui en racontant chacune leur histoire font apparaître peu à peu le Concern, quels sont ses acteurs et quelles sont ses limites. Ou son absence de limites.
Le récit se prétend plus complexe qu’il ne l’est vraiment. Ce n’est pas tant par la structure (les fils de la narration éclatée se noueront à la fin, on le sait, on se laisse faire) que la multiplicité des directions prises, avec une critique de notre modèle économique, un dégoût marqué pour la quête du pouvoir, un récit d’anticipation (le récit s’inscrit dans un cadre réel et précis, qui va de la chute du mur de Berlin à la chute des banques et des marchés commencée en 2008, en passant par l’effondrement des tours jumelles), une proposition d’uchronie avec les terroristes chrétiens (juste effleurée), un thriller, de la science fiction avec la transition, toutes ces pistes sont abordées mais sans jamais choisir. Et le mélange des genres qui aurait pu être passionnant s’avère parfois indigeste.
Pourtant, le récit est très bien mené, souvent haletant, la lecture est plaisante.Voilà un livre qui n’est pas à la hauteur de ses ambitions, mais dont les ambitions étaient peut être tellement élevées qu’il reste une lecture accrocheuse.