…autrement dit un « trio sorti de l’enfer ». Le titre fait référence aux personnages mais aussi, a posteriori, à la trilogie horrifique composée de House of 1,000 Corpses (2003), de The Devil’s Rejects (2005) et donc de ce Three From Hell, sorti il y a quelques semaines aux États-Unis et dans lequel on retrouve la famille Firefly et ses habitudes sanguinaires. Contre toute attente, la blonde Baby (Sheri Moon), son frangin Otis (Bill Moseley) et leur padre le Capitaine Spaulding (Sid Haig) ont survécu à l’averse de pruneaux déversée sur eux par la police texane en conclusion du film précédent. Une résistance au plomb incroyable, qui ne manque pas de faire les gros titres des journaux. Après un procès à sensation, Spaulding est condamné à mort tandis qu’Otis et Baby prennent la direction du pénitencier.
À la fin de The Devil’s Rejects, Rob Zombie avait fait de la mise à mort de son trio d’affreux une séquence nihiliste quasi-mystique, dans laquelle les projectiles venaient trouer la couenne des personnages au ralenti sur l’air de Free Bird, chanson de Lynyrd Skynyrd. Mais voilà : pour des raisons qui lui appartiennent, Zombie a pris sur lui de ressusciter comme miraculeusement ses héros. Éprouvé par sa lutte contre un cancer, Sid Haig ne fait qu’une apparition, en début de métrage (l’acteur est d’ailleurs mort, pour de bon, le mois dernier), aussi le scénario lui prévoit un remplaçant en la personne de Winslow Coltrane, un tueur en série surnommé le « Midnight Wolfman ». Après quelques péripéties sanglantes, Baby et Otis, évadés de taule, et leur nouveau comparse Winslow ont l’idée d’aller se mettre au vert quelque part au sud du Rio Grande…
On l’a compris depuis longtemps : Rob Zombie fait du cinéma pour filmer sa nana, Sheri Moon, à qui il laisse cette fois les coudées franches pour proposer un numéro d’allumée tout en mimiques outrancières, hélas plutôt exaspérant. L’équipe s’est sans doute particulièrement amusée à shooter la partie mexicaine de l’histoire, dans un pueblo exotique rempli de putes misérables et de loqueteux au verbe haut, où la tequila coule à flot. Bientôt un gang de mafieux masqués comme des catcheurs vient chercher des noises au trio vedette. D’un bout à l’autre, le spectacle est vicieux, gore et sadique. Hypersexué, aussi, avec des dialogues obscènes à n’en plus finir et des plans fétichistes sur les pieds de Baby, surtout quand ils sont nus et sales. Le film trouve sa raison d’être dans ce culte de l’imagerie craspec, comme un crachat anar sur toute forme de bienséance (des nudités féminines exposées sans fard et en plein soleil finissent même livrées en pâture aux couteaux et aux flingues — rien de misogyne là-dedans : le discours est plus généralement d’une misanthropie absolue). Faut-il louer cet esprit jusqu’au-boutiste ? L’accroche pub sur l’affiche US et dans la bande annonce promet « folie, meurtre et chaos », et on n’est pas trompé sur la marchandise. L’ambition, quoiqu’il en soit, n’est pas des plus nobles (ni des moins puériles), et le résultat artistique échoue très en-deçà de The Lords of Salem et 31, les précédents titres du cinéaste.
Three From Hell est sorti il y a un mois dans les salles américaines. Pas de date officielle prévue pour la France, mais le film sera disponible en DVD dans quelques jours à peine au Royaume-Uni…