Synopsis
Fille d’un riche avocat travaillant pour les Nations unies, Justine (Lorenza Izzo) en pince pour le charismatique Alejandro (Ariel Levy), activiste militant sous la fenêtre de sa chambre d’université à New York. Ce dernier finit par accepter que la « fille à papa » se joigne à une action coup de poing qu’il entreprend afin de sauver la forêt amazonienne.
Justine part pour le Chili s’enchaîner avec une dizaine d’autres étudiants aux bulldozers qui détruisent la forêt et les villages indigènes environnants. Armée de son téléphone portable, elle filme « en live » et relaye via satellite à travers le monde les exactions des milices employées par les entreprises qui veulent exploiter les gaz naturels de la région.
La victoire semble assurée lorsqu’ils reprennent l’avion pour rentrer au pays. Malheureusement pour eux, ils s’écrasent dans « l’enfer vert » (c’est le surnom de la jungle) ! Ils sont retrouvés par la tribu qu’ils voulaient sauver. Ces derniers, loin de leur témoigner de la gratitude, se montrent fort agressifs et décident de pratiquer sur eux leurs rituels ancestraux ! Cannibalisme et excision sont au programme !
Notre avis
Tourné en 2013, The Green Inferno d’Eli Roth arrive en France après de nombreuses péripéties liées à la distribution, finalement moins intéressantes que les conditions de tournage en Amazonie péruvienne et au Chili ! Rares sont ceux qui découvriront le film dans les salles obscures : en France, The Green Inferno a fait l’objet de happenings dans quatre villes (dont une projection à Paris au Grand Rex avec sacs à vomi et friandises en forme de doigts distribués à l’entrée !). L’E-video paraît désormais être la meilleure solution de diffusion pour un genre, le gore, qui ne fait plus recette dans les cinémas (le film sera disponible à partir du 16 octobre sur la majorité des services de vidéos à la demande).
Le réalisateur d’Hostel nous livre ici son hommage au célèbre Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato (1980), film polémique légendaire dénonçant la violence des médias télévisés et les tendances au voyeurisme de l’époque. Force est de constater que 35 ans plus tard, la situation ne s’est pas arrangée et que la démonstration (certes discutable) du réalisateur italien reste d’actualité.
Eli Roth abandonne la technique du « found footage » qui caractérise l’œuvre précitée mais n’en apparaît pas moins critique et lucide en mettant en scène des « adulescents » que « l’aventure » va aguerrir à leurs dépens. Maladresse ? Personnellement, j’y vois la représentation d’une génération nourrie aux histoires sentimentales fabriquées de toutes pièces pour les besoins de la téléréalité et qui évolue plus facilement dans la société de consommation que dans l’environnement rustique de la jungle. Certes, ce parti pris parasite quelque peu le film puisque certaines scènes prennent, de fait, une dimension humoristique qui fait retomber l’angoisse. La critique sociale prime sur les scènes gore.
On trouve au générique la Chilienne Lorenza Izzo (qui depuis a participé à Knock Knock du même réalisateur) et Ariel Levy (ils jouaient déjà ensemble dans Aftershock de Nicolás López), ainsi que des acteurs issus du petit et du grand écran plus au moins habitués des plateaux de tournage de Roth, comme Richard Burgi, vu dans Hostel 2 et également connu pour avoir joué le rôle du mari de Susan dans la série Desperate Housewives. La chanteuse Sky Ferreira tient un petit rôle.
La réalité du tournage telle que rapportée dans le dossier de presse laisse entendre que personne dans l’équipe n’a été épargné, et les cinq heures de trajet pour rejoindre le village — authentique — de la tribu choisie pas Eli Roth se sont avérées particulièrement éprouvantes. Cela se ressent à l’image, à travers des scènes immersives pleine de réalisme. On prend en outre un plaisir certain à admirer la beauté sauvage des indigènes (des enfants, des femmes en majorité) évoluant dans leur environnement, et si ce n’est le contexte macabre du scénario, les scènes violentes de démembrements et d’anthropophagie, on se laisserait volontiers à contempler ce village « hors du temps ».
On en vient à regretter que le réalisateur n’ait pas (il n’a sans doute pas pu car la météo ne le lui a pas permis) plus exploité la jungle pour mettre en place des courses-poursuites, suggérer un climat plus claustrophobe. La nature reste trop souvent hors champ et, au bout de 1h40, on s’aperçoit qu’une bonne moitié du métrage s’est déroulé du côté des « civilisés », ce qui est dommage.
The Green Inferno est tout de même à prendre comme une réussite. Certes il suscite moins le malaise et la nausée que Cannibal Holocaust, mais il est largement au-dessus d’autres films de ce genre, tombé en désuétude depuis les années 80. Si vous n’êtes pas trop sensible (après tout les zombies aussi mangent de la chair humaine, et on en voit de plus en plus dans les médias), n’hésitez pas et laissez-vous tenter par l’expérience proposée par Eli Roth !