Après l’adaptation des Guerriers du Silence de Pierre Bordage ou Meteors, c’est une tétralogie intitulée Terra Prime que nous propose Philippe Ogaki. Avec la parution en 2018 de la quatrième et dernière partie de cette bande dessinée franco-belge, il m’est apparu qu’il convenait de parler de cette série quitte à pouvoir la lire d’une traite, chose rare en matière de BD.
Ainsi nous découvrons le Victoria III, gigantesque vaisseau-monde qui transporte depuis près de 250 ans plus d’un million d’humains et les robots qui les aident. Il tarde de trouver une planète compatible. Les débats se font de plus en plus vifs entre les dirigeants de ce vaisseau qui pensent que l’humanité est faite pour imposer sa suprématie sur les nouveaux mondes en les colonisant et les dissidents.
Les dissidents suivent le docteur Arck, un brillant généticien. Pour eux, qui n’ont connu que la vie dans le vaisseau, il est hors de question de repartir à zéro sur un nouveau monde. Nous suivons Élise Torov. Elle est anthropologue et observe les différentes tendances sociologues au sein du vaisseau. Elle entre en contact avec le docteur Arck qui va bien plus loin que les idées conservatrices des dissidents, car pour lui l’homme doit évoluer dans l’espace, quitte à subir des mutations effrayantes.
Tout cela va se précipiter en conflit armé lorsque la planète de Terra Prime est enfin détectée. Lorsque le Victoria III s’écrase sur Terra Prime, seuls dix mille passagers ont survécu et il faudra bien reconstruire le nouveau monde. Élise s’intéresse aux plantes et aux habitants de la planète, mais les dirigeants de la colonie ne veulent pas entendre parler d’autre chose que des gênes importés de la Terre. Élise va donc quitter la colonie et entrer dans ce nouveau monde jusqu’à s’y faire accepter.
C’est une belle réflexion sur ce que pourrait être une humanité hors sol qui nous est proposée. D’ailleurs, nous retrouvons les défauts propres à l’humain : la volonté d’imposer son pouvoir, de piller les ressources, de se focaliser sur le seul progrès technique au mépris de la simple appréhension du nouveau monde. Une mise en perspective qu’un trait précis et une mise en page dynamique rendent épique. Cette histoire transpose l’histoire de l’homme et nous fait espérer que les erreurs du passé ne se reproduiront pas dans cet ailleurs rêvé depuis si longtemps.