De quoi s’agit-il ? De qui, plutôt : des Foo Fighters, les vrais, à savoir Dave Grohl, Pat Smear, Chris Shiflett, Rami Jaffee, Nate Mendel et Taylor Hawkins. Alors que les six musiciens sont réunis autour de leur producteur dans un bureau de leur maison de disques, Grohl assure qu’il tient le nouvel album du groupe, il est là, prêt à enregistrer, dans sa tête. Il ne manque qu’un studio propice à l’inspiration pour que le génie s’exprime. Aussitôt dit, aussitôt fait : on leur dégotte une villa à louer où les gars pourront séjourner pendant des semaines et accoucher de leur prochain disque.
C’est Dave Grohl lui-même, fan d’horreur et de phénomènes paranormaux, qui a eu l’idée de cette comédie d’épouvante légère et sanglante, tournée en 2021, qui confronte le monde du rock’n’roll et celui de la série B avec une histoire de maison hantée. La baraque où s’installent les amis a un lourd passé, on y a pratiqué des rites occultes, et c’est une entité démoniaque redoutable qui va posséder l’esprit de Dave Grohl lui-même. Sérieux ou pas, les films qui retracent un processus de création ont de quoi passionner, et dans le monde de la musique, les récits de la genèse de tel ou tel album de légende s’avèrent souvent riches d’anecdotes édifiantes ou savoureuses. Évidemment, on n’est pas ici en face d’un documentaire, le film est une pure fiction qui joue avec plein de clichés du double genre, film musical et film d’horreur. Les sessions de répétitions deviennent peu à peu des épisodes tendus où le boss Dave se met à tyranniser ses potes pour obtenir d’eux qu’ils enregistrent un morceau incantatoire de longueur démesurée.
Le fait que tous jouent leur propre rôle n’est pas pour rien dans le plaisir du visionnement, même si ce n’est pas, loin de là, un gage de réussite (Kiss contre les fantômes, ça vous dit quelque chose ?) : la complicité des six artistes saute aux yeux, et on rigole aussi devant l’apparition de John Carpenter himself dans un rôle d’ingénieur du son. La fête serait complète si ce n’était la pointe d’amertume qu’on ne peut s’empêcher de ressentir lorsqu’on sait que Taylor Hawkins, le batteur, est décédé d’un malaise dans sa chambre d’hôtel il y a tout juste deux mois, quelques heures avant un concert des Foo Fighters, à Bogota. Sa mort brutale à l’écran, dans une des dernières scènes, prend ainsi une coloration très, très particulière. J’en dis un petit peu trop et je m’en rends compte, mais tant pis (et il faut dire que la séquence est dans la bande annonce !). Quoiqu’il en soit, fans de Foo Fighters ou pas, ne vous privez pas de cette séance de cinoche des plus récréatives et sympathiques.
Disponible en VOD depuis le 16 mai.