Après des albums convoquant les figures illustres de Galilée, Léonard de Vinci, Richard Cœur-de-Lion…, la formation autrichienne de power metal symphonique Serenity, menée par le chanteur Georg Neuhauser, s’apprête à dévoiler son septième album studio, baptisé The Last Knight. À quinze jours de la sortie, Fabio D’Amore, le bassiste italien du groupe, nous apprend tout ce qu’il faut savoir sur « l’imperatore Massimiliano Primo », ou plutôt le Kaiser Maximilian I. von Österreich, qui resta installé durant plus de dix ans, de 1508 à 1519, sur le trône du Saint-Empire romain germanique. Prêts pour une petite leçon d’Histoire ?
Khimaira : Les albums précédents de Serenity ont déjà fait référence à des personnages historiques bien connus. Celui-ci, The Last Knight, s’inspire de la vie de l’empereur Maximilien 1er, qui vécut entre le 15ème et 16ème siècle. Pourquoi ce choix ?
Fabio D’Amore : Pour les Autrichiens, Maximilien 1er est un héros national. Il est né, il a vécu et il est mort en Autriche, et plus précisément au Tyrol, la région où vivent tous les membres de Serenity, y compris moi. C’est une figure locale dans le sens où, même en tant qu’empereur, il a toujours considéré le Tyrol comme son lieu de résidence préféré. Et il se trouve que l’an dernier, alors que nous commencions à travailler sur ce nouvel album, on y célébrait le 500e anniversaire de sa mort. Il y a eu de nombreuses manifestations dans le pays et nous avons décidé de commémorer aussi la mort de Maximilien en composant un album qui lui serait consacré.
Par conséquent, le « dernier chevalier » — « the last knight » — c’est bien lui ?
Oui, mais le sobriquet n’est pas de nous : historiquement, c’est ainsi que Maximilien est surnommé [on raconte qu’il appréciait beaucoup l’art de la joute — NdR].
Dans les paroles de la chanson Wings Of Pride, le dixième titre dans le tracklisting, vous utilisez l’expression « game of thrones », une référence cette fois très moderne…
Game Of Thrones est une série célébrissime, un énorme succès commercial, et cette expression de « jeu de trônes » est devenue une référence couramment citée chez les groupes qui aiment puiser dans les thématiques historiques, dès lors qu’il est question de luttes de pouvoir. Et comme nous tous, dans le groupe, sommes fans de la série, on s’est dit qu’on pourrait s’amuser à intégrer cette référence dans notre propre matériel, et donc, d’une façon, joindre l’utile à l’agréable.
L’artwork de l’album est très beau, quoique l’image de la pochette me fasse moins penser à Maximilien 1er qu’à une sorte de « Saint-Georg Neuhauser » affrontant le dragon…
(rires) En effet, l’image du chevalier victorieux contre un dragon fait tout de suite penser à Saint Georges. Mais pour nous, il s’agit bien de Maximilien, dans une version très romancée, c’est vrai. Le dragon symbolise toutes les batailles que l’empereur a remportées, et il en a mené, des guerres… Je ne sais plus combien. Des centaines !
Parmi les chansons du nouvel album, y en a-t-il que vous êtes particulièrement impatients de jouer sur scène ?
Ce n’est pas facile de répondre à cette question. Toutes les nouvelles compos sont superbes, je trouve… Pour la première fois, j’ai l’impression qu’il n’y a aucune piste de l’album qui soit en deçà des autres et, si ça ne tenait qu’à moi, on les jouerait toutes en concert ! En tout cas le plus d’entre elles possible. Mais le fait est que l’album va sortir quelques jours à peine avant le lancement de notre tournée, et il n’est pas évident que le public ait le temps d’assimiler toutes les nouvelles chansons avant de venir nous voir sur scène. À l’exception des trois singles que nous avons déjà sortis, bien sûr, que nous sommes certains d’inclure dans le set.
Ces trois singles sont accompagnés de vidéos. Dans celle tournée pour Souls And Sins, on voit une très jolie dame arpenter les corridors d’un vieux château. Qui est ce personnage ?
S’inscrivant dans notre interprétation romancée de la vie de Maximilien, ce personnage féminin symbolise toutes les femmes qui se sont succédé dans la vie l’empereur, car il y en a eu un certain nombre. Par ailleurs, à un niveau de lecture encore plus métaphorique, la figure féminine qui erre dans le château est à assimiler à l’âme de Maximilien qui, au soir de sa vie, la laisse s’échapper en s’en remettant à la volonté de Dieu…
Serenity nous a sinon habitués à inviter des voix féminines dans les différents albums, par exemple Aylin du groupe Sirenia, Charlotte Wessels (Delain), Clémentine Delauney (Visions Of Atlantis)… Mais ce n’est pas le cas dans The Last Knight. Pourquoi ?
Tout simplement parce que la tonalité des chansons fonctionnait bien mieux ainsi, sans faire intervenir de chanteuse. Alors d’un commun accord, nous avons décidé de nous cantonner pour cet album au chant masculin.
Concernant la tournée européenne, deux dates sont prévues en France en février, l’une à Colmar et l’autre à Lyon. Gardes-tu des impressions particulières des concerts que Serenity a déjà donnés en France ?
Oui, je garde d’excellents souvenirs de concerts à Paris : au Divan du Monde en 2016 ainsi qu’à l’Alhambra, où nous nous sommes produits en 2011 — l’année où j’ai intégré le groupe — puis une seconde fois en 2017 au cours de la tournée Lionheart. Sinon on a vécu de très belles soirées lorsqu’on a assuré il y a deux, trois ans la première partie de Powerwolf, par exemple à Toulouse où la salle de concert est un endroit très agréable, avec un restaurant dont le patron est grand amateur de cuisine italienne !
Justement, parlons un peu de l’Italie : étant donné que tu es toi-même transalpin, que penses-tu de la scène metal italienne actuelle ? On connaît depuis longtemps des groupes comme Lacuna Coil, Furor Gallico, mais plein de formations sont en train d’émerger et font beaucoup parler d’elles. Je pense à Frozen Crown, Temperance, Walk In Darkness… Est-ce que tu connais tous ces gens personnellement ?
Oui, bien sûr. La scène metal italienne n’a jamais aussi forte et vivace ! Il y avait déjà des groupes intéressants dans les années 1980, mais c’est dans la décennie suivante que les choses ont vraiment décollé. Aux noms que tu as cités, j’aimerais ajouter Elvenking, qui me tient beaucoup à cœur. C’est un groupe originaire de la même ville que moi [Pordenone, dans le Frioul — NdR], et je connais ces gars depuis tout gamin. En ce moment, ils sont en tournée avec Brothers Of Metal, et ils font claquer bien haut la bannière du metal italien !
Étant donné que tu chantes également, vous n’avez jamais songé, dans Serenity, à écrire quelques titres en italien ? Ou en allemand, bien sûr, puisque Georg et les autres sont autrichiens…
Non, on n’a jamais évoqué cette possibilité… Sur l’album Death & Legacy, dans l’interlude qui précède la dernière piste, on entend des paroles prononcées par Galilée, et c’est moi qui les ai enregistrées. Mais on n’a jamais envisagé de composer un morceau entier en italien, et pas non plus en allemand. Ce serait une question à creuser…
D’autant que Georg a enregistré un titre en allemand en 2018 pour le premier album de WarKings… D’ailleurs, peux-tu me dire si, à part Georg, WarKings et Serenity ont d’autres musiciens en commun ?
Non, je peux te l’affirmer : WarKings et Serenity sont deux groupes différents. Pour l’album de WarKings, j’ai prêté ma voix pour l’enregistrement des chœurs, justement dans la chanson en allemand dont tu parles, Die Flut, mais ma collaboration s’est arrêtée là.
On vient d’entrer dans la nouvelle année, alors que peut-on souhaiter à Serenity pour 2020 ?
J’espère qu’on pourra se produire en concert le plus souvent possible, pendant la tournée qui est prévue ce printemps mais aussi en festivals, par exemple à Moscou, début juillet. Ce sera la première fois que nous nous produisons en Russie. Une fois l’album sorti, on devrait avoir des confirmations pour d’autres festivals…
Y compris en France ?
Sans doute, mais il est encore trop tôt pour l’annoncer avec certitude. Et je tiens aussi à ajouter qu’on a reçu des demandes pour donner une série de concerts en acoustique, et ce sera sûrement une expérience très intéressante…
Sortie de l’album The Last Knight le 31 janvier 2020. Un très grand merci à Magali Besson de Sounds Like Hell Productions pour avoir rendu possible cet entretien !