Paris, 2080, un homme solitaire déambule dans la ville. Il semble se diriger inexorablement vers un but que lui seul connaît. Son esprit est envahi d’images pornographiques. Son trajet est suivi à la fois par un aigle majestueux et de multiples caméras de surveillance.
Didier Eberoni livre un album très original mettant en scène un personnage mutique, aux desseins mystérieux. Ce "héros" évolue dans un Paris futuriste ayant eu à subir la montée de la Seine. La capitale est envahie par la pornographie; la violence y est omniprésente. Cette bande dessinée pourrait renvoyer vers le film homonyme de Jean-Pierre Melville, présentant le même type de personnage principal. Mais c’est peut-être le seul point commun entre les deux oeuvres tant Eberoni oppose à la froideur du cinéaste un univers torride, aux limites de la pornographie. Le récit est peint dans des teintes chaudes et renforce l’aspect lascif de l’intrigue. Remarquons aussi l’absence de dialogues au profit d’une voix off omniprésente, utilisant un langage de toute beauté, d’une grande poésie. Ce texte hypnotique est parfois un rien trop esthétisant. Samouraï est à conseiller aux amateurs du cinéma de Gaspar Noé et de son cinéma du ressenti, comme son dernier opus Enter the Void. Les autres lecteurs resteront probablement à la porte de cette oeuvre déconcertante et néanmoins magnifique, qui demande un grand investissement personnel pour en saisir toute la force.