Peut-être parce qu’on entre de plain-pied dans une dimension purement S.F., donc imaginaire et sans grosses bagnoles, le personnage de Riddick n’est pas très populaire chez les fans français de Vin Diesel (lesquels, en général peu versés dans les langues étrangères, prononcent son pseudonyme comme on le fait dans les stations-service). Pourtant Riddick est de loin la silhouette la plus intéressante de la filmographie médiocre de la vedette de xXx et de la série des Fast And Furious. Hors-la-loi interplanétaire, originaire d’une planète dévastée, Furya, dont il est l’unique survivant, Riddick trimballe sa dégaine de colosse d’un monde à l’autre, sa musculature d’hercule et sa faculté de vision nocturne en faisant une sorte d’Übermensch prompt à se tirer de n’importe quelle situation périlleuse. Après une entrée en scène en 2000 dans l’efficace Pitch Black, Riddick et Diesel sont réapparus à la faveur de deux jeux vidéo et, surtout, des excellentes Chroniques de Riddick (2004), space-opera au budget quasi pharaonique comparé au premier opus (plus de 100 millions de dollars, contre 23 pour Pitch Black), où les aventures du héros ont pris une dimension épique. Œuvre très sombre, dotée d’un « production design » franchement morbide, Les Chroniques… n’a pas séduit le public, la production rentrant tout juste dans ses frais malgré une sortie américaine à grande échelle.

Vin Diesel et le réalisateur David Twohy aiment leur personnage, et ils avaient à cœur de prolonger à l’écran les aventures du Furyen, quitte à ramer pendant des années pour parvenir à monter le projet. Neuf ans après le deuxième volet, Riddick revient donc pour un nouveau tour de piste au budget revu à la baisse. Trahi par les Necromongers, dont il était devenu presque malgré lui le nouveau « Lord Marshal », le héros débute cette nouvelle histoire en mauvaise posture, laissé pour mort sur une planète désertique peuplée par une faune hostile. Toujours stoïque face à l’adversité, Riddick panse ses plaies et entreprend de domestiquer son nouvel environnement.

Suivant une logique narrative de blockbuster, vingt minutes de métrage auraient suffi à Riddick pour se dépatouiller de cette situation et s’envoler vers d’autres horizons. Mais comme je le disais à l’instant, Riddick n’est pas un blockbuster, aussi se retrouve-t-on, comme le héros, cloué au sol sur la planète paumée. Quelques bestioles hargneuses font les frais de l’irruption du gaillard dans leur biotope, d’autres deviennent ses alliées (une seule, en fait, un chien sauvage sauvé in extremis de la mort). Plonger Riddick dans de telles conditions de survie n’est pas inintéressant, le personnage étant souvent mu par des réflexes d’auto-défense dignes d’un animal. Quand même, l’entrée en matière est longuette (pas loin de trois quarts d’heure, presque sans dialogue !). Plus tard, Riddick joue au chat et à la souris avec une bande de chasseurs de primes venus le déloger. Forts en gueule, patibulaires, les personnages sont des clichés sur pattes, mais le récit fonctionne, relancé plus tard par l’atterrissage d’un second équipage lui aussi aux trousses du fuyard. Dommage alors que David Twohy ne trouve rien de plus original, pour conclure son film, que de bifurquer sur un remake pur et simple de Pitch Black, avec une meute de créatures voraces lancées tous crocs dehors pour bouffer du bipède.

Bilan mitigé, donc, pour ces nouvelles aventures du chauve nyctalope (dont les facultés visuelles hors normes sont du reste peu exploitées). La décontraction du mec face au danger, ses répliques économes autant qu’assassines en font quand même un sacré personnage qu’on a plaisir à revoir sur grand écran malgré le peu d’allant du scénario. La fin en pointillés laisse penser que Diesel et Twohy n’envisagent pas d’en rester là. Si c’est bien le cas, espérons qu’ils seront un peu plus inspirés pour la suite et qu’on n’aura pas à attendre neuf ans avant de voir cela…

Sortie dans les salles le 18 septembre 2013.