La sortie de ce pack dvd Resident Evil coïncide avec celle, dans les salles, de Retribution, le cinquième film de la franchise « live ». Les deux métrages d’animation, réalisés en motion capture, sont cependant des productions japonaises signées par Makoto Kamiya (qui a bossé en tant superviseur des effets spéciaux sur Gantz), et, malgré plusieurs personnages en commun, ils n’entretiennent aucun rapport direct avec la série de films mettant en scène Milla Jovovich.

Ce double pack propose donc Resident Evil: Degeneration et Resident Evil: Damnation, tournés en 2008 et 2011 (dans le cas de Degeneration, il s’agit d’une réédition, Sony ayant déjà distribué le dvd il y a trois ans). Les deux films mettent en scène Leon S. Kennedy, en vedette dans Resident Evil 4 (le jeu), agent des forces spéciales américaines. Dans le premier film, Leon s’adjoint les services d’Angela Miller, une militaire, et de Claire Redfield, simple civile (et héroïne de Resident Evil 2 et de Code Veronica). Tous trois enquêtent sur un attentat perpétré dans un aéroport, où un bio-terroriste du nom de Curtis Miller, frère d’Angela, a propagé le virus T.

Degeneration se situe dans la continuité des événements relatés dans R.E. 4 (le jeu, toujours). Bien que légèrement inférieur d’un point de vue technique à Damnation (et à d’autres titres très célèbres, notamment Appleseed), Degeneration est le meilleur des deux films. C’est une expérience de « néo-cinéma » assez réjouissante qui, même si elle ne restitue pas l’ambiance cauchemardesque oppressante des jeux, présente des moments de bravoure assez bluffants. La lutte contre les zombies engendrés par le virus donne lieu à une entrée en matière fracassante dans l’aéroport infecté et vite mis en quarantaine. Après un crash aérien spectaculaire en plein terminal d’arrivée, Claire Redfield se retrouve coincée avec quelques survivants dans un complexe plongé dans l’obscurité et parcouru par des non-morts. L’équipe de secours menée par Leon infiltre le bâtiment, se fraye un chemin parmi les infectés à coups de fusil d’assaut. Il y a toujours un petit côté jouissif à voir ces chères saloperies de morts-vivants encaisser les impacts de balles en pagaille et continuer à ramper vers leurs proies. Lorsque les bidasses comprennent qu’il faut tirer dans la tête, les halls et couloirs de l’aéroport se transforment en stand de tir, et les cadavres ambulants tombent comme à la foire. Du pur spectacle pour geek. La conclusion du film dans les locaux d’une compagnie pharmaceutique détenant un tout nouveau virus — le virus G — donne lieu à un autre affrontement épique, cette fois contre un « big boss » presque increvable. Vingt bonnes minutes de « loud action » rythmées par une voix synthétique comptant à rebours jusqu’à l’autodestruction des locaux. Une situation déjà mise en scène dans une quantité d’autres métrages (les deux premiers Alien en tête), mais c’est toujours efficace, et les flammes sont si jolies calculées en CGI !

Prévu pour une exploitation en salles au Japon début octobre, Damnation s’avère en revanche ennuyant, malgré une animation des personnages améliorée, moins raide, et un design photo-réaliste encore plus poussé (on peut même repérer les marques de varicelle sur le visage de Leon !). Nous retrouvons le héros dans une ex-république soviétique imaginaire en proie à une guerre civile. Des indépendantistes en révolte contre le pouvoir en place ont mis la main sur une souche du virus T et s’en servent pour plonger le pays dans le chaos. Présenté comme ça, ça n’a pas l’air compliqué à suivre, mais le scénario, dans le prolongement de R.E. 5, néglige de livrer des infos utiles pour suivre normalement l’intrigue quand on n’est pas gamer et qu’on ne connaît pas grand-chose du background de certains personnages. D’où ma perplexité, par exemple, face aux faits et gestes d’Ada Wong, espionne issue de la série de jeux. Les motivations de la mercenaire sino-américaine, dont il est impossible de comprendre pour qui elle roule, sont pour le moins obscures. Wong cherche à mettre la main sur un organisme parasite maousse costaud détenu secrètement par la présidente Svetlana Belikova, une MILF cupide et peau de vache, ancienne militaire. Leur catfight en jupes et talons dans le bureau présidentiel est un des bons moments du film, tout comme l’affrontement final de Leon contre des géants chauves à la musculature hypertrophiée (mais ils n’ont pas de quéquette !), qui font leur apparition dans le dernier acte sans qu’on puisse piger d’où ils sortent. Là encore, ce manque de rigueur narrative souligne les défauts flagrants de ce métrage, qui doit un peu plus son existence aux informaticiens et graphistes qu’au scénariste et au metteur en scène.

Dernière précision concernant les images visibles pendant le générique de fin de Damnation, qui ne sont pas tirées du film mais du prochain jeu Resident Evil, sixième titre de la série qui sort le mois prochain (vraiment, cette concordance de dates entre film live, film d’animation et jeu tient du miracle !). Leon S. Kennedy va devoir affronter une nouvelle menace bio-terroriste, cette fois à l’échelle planétaire. Préparez-vous à faire la connaissance d’une nouvelle bomba numérique en la personne d’Helena Harper, dont je ne peux rien dire de plus si ce n’est que son décolleté sera sans doute une des attractions du jeu (et peut-être d’un troisième film d’animation ?). Sachez enfin que le soft renfermera une aventure solo d’Ada Wong, accessible uniquement lorsque vous aurez bouclé les trois missions principales.

Sortie du double pack Degeneration + Damnation le 24 septembre 2012 (Sony Pictures Entertainment).