Sept quidams reprennent conscience en pleine mer à bord d’un bateau semble-t-il téléguidé. Ils n’ont de souvenir ni de leur passé, ni de leur identité. Quant à la raison de leur présence à bord et leur destination, ce sont deux autres mystères.
À la lecture de ce roman, on mesure combien la littérature de genre — ici, la science-fiction post-apocalyptique — est influencée par d’autres médias, en l’occurrence le cinéma (et les séries) et l’univers du jeu vidéo. Il n’y a pas de mal à ça, tant que les références sont bien assimilées et nourrissent une imagination féconde. C’est le cas de cet intriguant Red River Seven, avec son point de départ ludique façon Saw de James Wan, et qui s’engage assez vite dans une autre voie, dès lors que le navire pénètre l’embouchure d’un fleuve qu’il va falloir remonter. À la manière d’un célèbre roman de Joseph Conrad (et de son adaptation Apocalypse Now de Francis Coppola), Anthony Ryan fait le récit d’une mission au fil de l’eau, un boat trip dont les tenants et les aboutissants sont révélés peu à peu, au lecteur en même temps qu’aux personnages. Bientôt, cris et hurlements percent à travers la brume opaque omniprésente. D’où viennent-ils ? Et qui donc se cache derrière l’organisation de cette expédition ?
L’ambiance macabre et la sensation permanente du danger pèsent lourd sur les esprits amnésiques des héros, quand bien même certains d’entre eux, manifestement rompus à l’usage des armes, semblent taillés pour ce type de périple. Impossible d’en révéler davantage si l’on ne veut pas déflorer le suspense. Disons juste que les monstruosités à la Resident Evil (on pense aussi à The Thing de John Carpenter) qui attendent en amont du fleuve ne laisseront aucun répit à l’équipage. Une lecture courte (moins de 300 pages) pour un voyage lugubre « au cœur des ténèbres » qu’en bon amateur d’horreur, vous serez ravi d’avoir fait.
En librairie depuis le 11 octobre 2023.