Le succès d’un livre est, certes, lié à la qualité de son contenu. Pourtant, l’illustration de couverture est primordiale pour lui permettre d’être remarqué dans un rayonnage. Derrière chaque couverture se cache un dessinateur poursuivant sa carrière dans l’ombre malgré son talent. Toujours attentif, Khimaira a rencontré l’un d’eux : Raphaël Del Rosario.
Khimaira: Illustrateur de nombreux livres et anthologies chez Rivière Blanche, Eons, Parchemins et Traverses, Présences d’Esprits, vous êtes également membre de l’association “Les Enfants de l’Arche” et avez exposé durant des manifestations publiques. Bref, votre parcours s’enrichi de jours en jours. Un «job» à plein temps, non?
Raphaël Del Rosario: pas encore pour l’instant mais j’y viendrai à plus ou moins long terme. J’occupe actuellement un poste de graphiste dans un atelier d’architecture: composition et mise en page de planches de communication, illustration en perspective des projets de l’agence, etc.
K: C’est donc plus une passion qu’un véritable travail?
RDR: pour l’instant mes travaux d’illustration ne sont que des commandes arrivant de façon un peu irrégulière mais j’ai bien l’intention de faire ça à plein temps prochainement.
K: Qu’est-ce qui vous a conduit au dessin d’illustration?
RDR: Le plaisir de créer des images à partir de mes lectures tout simplement!
La lecture est une source intarissable d’inspiration. En lisant me viennent tout naturellement des dizaines d’images en tête que je griffonne sur des feuilles de papier, et que je trie «à froid» pour ne garder que celles qui me semblent les plus intéressantes pour pouvoir les réaliser plus tard.
Quand ces images me viennent en tête tout est déjà en place: composition, couleurs, détails, etc. Le jeu est ensuite de réussir à retranscrire ça le mieux possible! Travailler à l’inspiration me permet de dessiner de manière complètement libre puisque les seules contraintes viennent de moi.
K: Dans le monde impitoyable de la littérature, est-il difficile de décrocher un contrat d’illustration?
RDR: Comme dans beaucoup de choses c’est le premier pas le plus difficile!
Les premiers contrats sont difficiles à décrocher: il y a déjà beaucoup d’artistes sur le marché et il n’est pas toujours facile de se faire une place. Il ne faut pas céder au découragement et continuer à travailler. Le traitement de ses premières commandes entraîne souvent un effet boule de neige qui emmène à son tour d’autres commandes…
K: En dehors de vos inspirations de lecture, comment abordez-vous les travaux sur commande?
RDR: Sur commande c’est en quelque sorte rentrer dans un nouvel univers. Que ce soit pour une couverture ou une illustration il faut entrer dans l’œuvre d’un auteur, tenter de cerner la psychologie de ses personnages, l’ambiance de son histoire, pour essayer de la retranscrire en une seule image. C’est une partie du travail qui est vraiment passionnante et souvent accompagnée d’échanges intéressants avec les auteurs.
Travailler à la commande comporte aussi sa part de labeur non littéraire quand il s’agit de concevoir des affiches ou mettre en page des prospectus. Mais ces tâches toujours différentes apportent aussi leur lot d’expériences enrichissantes.
K: Comment travaillez-vous? Plutôt avec des moyens classiques (crayons ou peintures) ou à l’aide d’outils informatiques?
RDR: Je travaille uniquement de manière traditionnelle: crayon, encre de chine, acrylique, huile, je ne me sers de l’ordinateur que pour de la mise en page ou des petites retouches…
J’apprécie de pouvoir manipuler des matériaux «concrets» pour la sensualité du travail de la matière. L’illustration par ordinateur, je trouve ça plus ennuyeux…
Même parmi les oeuvres des meilleurs artistes travaillant avec l’informatique, malgré leurs qualités en terme de couleurs, de lumières ou de compositions, le rendu final a toujours, à mon goût, un côté froid et un manque de présence…
K: Combien de temps, en moyenne, passez-vous sur une illustration de couverture?
RDR: Certaines peuvent être faites en 6 h, d’autres en demanderont le triple. Tout dépend du niveau de détail ou du type de rendu final. J’aime surtout que l’illustration terminée ressemble au maximum à ce que j’avais en tête avant de la faire et je suis prêt à y passer le temps qu’il faut (tant que ça concorde avec les dates de rendu imposées).
K: Avez-vous des projets en cours, des publications prochaines?
RDR: J’ai réalisé une petite bande dessinée en 6 pages avec le scénariste Jonas Lenn qui doit paraître aux éditions Les Enfants de l’Arche dans le courant du mois de Juin: http://www.asso-lea.com/article-32045396.html.
J’ai terminé récemment la couverture du premier tome d’une quadrilogie intitulée Légendes d’une Terre Plate à paraître aux éditions Terriciaë et je réalise également quelques commandes pour des particuliers.
Quant à mes projets personnels, je ne manque jamais d’idées, seulement de temps et de 4 ou 5 bras pour pouvoir tout réaliser!
K: Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions et bonne continuation dans votre carrière d’illustrateur.
SL: Merci à vous et bonne continuation à Khimaira également.
Si le talent de Raphaël Del Rosario vous intéresse, n’hésitez pas à vous rendre sur son site superbement illustré: http://www.raphaeldelrosario.fr/
ou sur son blog: http://raphdelrosario.blogspot.com/