Ludonaute jette un pont entre la littérature et le jeu de société en créant Ludobook !
Vous aimez les histoires policières, vous adorez essayer de déterminer le coupable dans les romans comme dans les séries télévisées, vous avez de l’imagination, vous seriez un bon avocat ou peut-être un procureur hors pairs ? Si vous répondez oui à l’une de ces questions au moins, voici un jeu pour vous !
Ludonaute nous a habitués à des jeux qui sortent de l’ordinaire et c’est encore le cas avec Crimebox Investigation (imaginé par Cymon Kraft), le premier titre de la série des Ludobook. D’abord, la forme même du jeu donne le ton puisque la boîte est en forme de livre. Autre particularité, les points de vente : tout à la fois en librairies et en boutiques spécialisées. Une fois ouverte, la boîte révèle des cartes (117 + 1 bonus pour Phantom à venir) et un fascicule. Dans ce dernier, un système de règles en 20 pages et trois nouvelles d’ambiance reprenant des éléments du jeu.
Il est facile de s’en doute en lisant le titre, Crimebox Investigation fait la part belle aux enquêtes policières, dans l’univers de la justice américaine, très en vogue dans la littérature, le cinéma et le petit écran. Il donne la possibilité aux joueurs de démasquer le coupable d’un meurtre en tenant compte des indices et des faits. Une sorte de Cluedo™ ? direz-vous. Eh bien non, justement ! Car, à la différence de la plupart des jeux d’enquêtes où la solution est disponible quelque part (dans le scénario ou par élimination), dans Crimebox Investigation, seule la logique vous permettra de déterminer le coupable.
Soyons plus clair : au début d’une partie, des cartes sont dévoilées qui indiquent, au hasard, le lieu du crime, la cause de la mort, une information sur le corps, mais aussi les identités de la victime et de trois suspects. Ensuite, lorsque vient son tour, chaque joueur prend deux cartes dans l’une des pioches de son choix (Pièce à conviction, Rapport d’enquête, Relations, ou Analyse) et en positionne une à l’emplacement approprié de l’une des cartes déjà en jeu. Par exemple, une carte « fusil », obtenue dans la pioche des Pièce à conviction, peut aller sur la scène du crime comme chez l’un des suspects. Le fait d’associer plus tard une carte « sang de la victime », reçue dans la pioche Analyse, à celle du « fusil » créée un lien qu’il est possible de suivre dans l’enquête. Mais l’affaire peut se compliquer si, sur le même « fusil », un autre joueur place une carte « ADN du suspect 2 » alors que ledit « fusil » a été retrouvé chez le « suspect 1 ».
Mais alors, où est la solution ? Dès que suffisamment de cartes (minimum 10) ont été mises en jeu par les joueurs, celui dont c’est le tour peut donner sa version des faits. Pour cela, il doit juste tenir compte de tous les éléments et indices visibles sur la table sans rien oublier. À la fin de son explication, les autres participants peuvent soit accepter sans réserve la supposition (et l’enquêteur en herbe est le grand gagnant), soit en démontrer les incohérences (et relancer le jeu). Attention, il ne s’agit pas de briser l’envolée lyrique de celui qui a probablement trouvé le fil conducteur reliant tous les indices. Car, bien souvent, les éléments à charge font que l’histoire globale contient une part de hasard ou de coïncidences. Finalement, pour gagner, il « suffit » d’imaginer un scénario plausible en s’appuyant sur les cartes en jeu, rien de plus et rien de moins. Bref, tout est affaire de perspicacité et de déduction !
S’il est possible de jouer chacun pour soi, il est aussi appréciable de réaliser quelques parties où tous les protagonistes collaborent de concert comme dans un véritable service de détectives. Excellent pour développer l’imagination et l’esprit d’équipe.
Histoire de changer un peu, une variante proposée dans les règles est de jouer en « mode procès ». Dans ce dernier, les participants se partagent les rôles d’avocat de la défense, de procureur et de jury pour reconstituer le procès engendré par le meurtre. Même chose que dans le « mode enquête » décrit ci-dessus, à ceci près que l’aspect « rôle » est bien plus important puisque avocat comme procureur doivent convaincre l’auditoire du bien fondé de leur réquisitoire. Bref, un type de jeu qui plaira à certains mais pas à d’autres.
Crimebox Investigation est annoncé pour 2 à 8 joueurs, à partir de 12 ans, et d’une durée de 30 minutes. Cependant, il est fort à parier que le « mode enquête » conviendra à tous (à partir de 12 ans et de 2 à 6 participants), tandis que le « mode procès » n’attira pas le même public (plus sérieux, plus long et nécessitant de 4 à 8 joueurs).
Autre point intéressant, le nombre de cartes et le tirage aléatoire des indices comme des différents éléments de l’enquête, en plus des deux modes de fonctionnement, assurent une durée de vie assez longue au jeu. D’autant plus, qu’avec les mêmes faits, deux joueurs n’imagineront pas les mêmes histoires. Et que dire des « grains de sable » pouvant être mis dans les idées d’un participant par la mise en jeu de cartes transformant des affaires « simples » en imbroglios dignes d’une série télévisée ?
Enfin, n’oublions pas les trois nouvelles disponibles dans le livret du jeu. Écrites avec maestria par Anne C, ces trois textes plus ou moins longs nous donnent un aperçu des possibilités scénaristiques des cartes à disposition. Après tout, la frontière est si mince entre élaborer l’explication d’un meurtre par la voix ou par l’écrit. Cela pourrait bien éveiller des vocations d’écrivain parmi les joueurs !
À la lecture de ce qui précède, vous aurez compris que Ludonaute signe là un jeu familial pouvant être mis entre toutes les mains. Les règles sont lues en quelques minutes et, dès la première partie, tous les participants se laissent entraîner par l’enquête. En conclusion, à conseiller à tous pour de petits moments de réflexion et d’amusement sans dés, sans prise de notes et sans migraine à la fin. À tel point que les joueurs en redemandent. Une vraie réussite pour moins de 20 €.