Aujourd’hui, je suis très content de vous présenter l’interview de Pierre Dubois, l’elficologue bien connu. Rencontrer et écouter Pierre, c’est perdre pied avec notre vie terne et monotone et se plonger dans un voyage qui nous emmènera, loin, très loin dans un monde merveilleux et délassant. Un monde que nous avons connu dans notre enfance, mais malheureusement oublié.
Pierre, conteur merveilleux, sait mieux que quiconque nous faire rêver avec ses mots et de plus, il est d’une jovialité communicative, je dirais même, contagieuse … il est le grand-père que tout un chacun rêve d’avoir !
Q – Bonjour, peux-tu te présenter ?
Je suis né en 1945 dans la forêt des Ardennes légendaires. L’esprit des lieux a une grande influence sur les enfants rêveurs. Mes parents ayant déménagé, j’ai été coupé, privé de cet univers, que je n’ai cessé de poursuivre. Je suis donc un écrivain, collecteur et raconteur de légendes… On pourrait dire aussi une sorte de gardien de ces bois et vallées menacées par les « Hors-venus ». [NDLR : Pierre Dubois, né le né le 19 juillet 1945 à Charleville-Mézières]
avec Roland Sabatier et Claudine Sabatier
Q – Comment devient-on elficologue ?
En suivant dès l’enfance des lois de traverses, les chemins buissonniers … En étant attentif aux petits êtres fuyants et cachés, qui oublient de fuir lorsqu’on les appelle par leurs vrais noms, en entrant dans le royaume intérieur des choses … c’est une sorte de philosophie sauvage !
Q – Quel cursus as-tu suivi ?
C’est une histoire de choix, de rencontres … de suivre un destin, comme l’enfant qui entre dans la forêt des contes pour accomplir son cheminement… En faisant confiance aux fées, c’est-à-dire aux destinées. Fée, fatum : destin. Elles savent, si on les écoute, si on se laisse porter, être en harmonie.
Q – Elficologue : métier ou passion ?
C’est un prolongement aux réponses précédentes : c’est un état d’âme. Mes choix exaucés m’ont permis de vivre entièrement cet état d’esprit. Cela va au-delà du métier et de la passion. C’est une façon d’exister. Le Genius loci de mon enfance m’a permis d’aller jusqu’au bout d’une aventure.
avec Mohamed Aouamri
Q – As-tu déjà remontré des représentants du Petit Peuple ? Peux-tu nous raconter (brièvement) cette rencontre ?
On ne les rencontre pas facilement, c’est une façon d’être, une façon de penser, de se mettre en harmonie avec les lieux, de s’y abandonner. Cela doit venir petit à petit. C’est fragile, précieux, cela doit rester secret … Cela ne relève pas « d’effets spéciaux » !
Q – Quelles sont tes principales publications ?
Les grandes encyclopédies des lutins, des fées, des elfes, parce que ce sont des aboutissements à des années de recherches et d’écoute. Mais les Contes de crimes etComptines assassines me permettent de me faire des « plaisirs de tricot ». Dans une nouvelle, je peux raconter ce que j’aime, me laisser aller, ouvrir des lucarnes … ou pas !
avec Roland Sabatier Sabatier
Q – Quels sont tes projets, si tu en as ?
Je prépare un légendaire des saisons en 2 volumes avec René Hausman à l’illustration, un bouquin sur les fantômes, et un autres sur les revenants avec Elian et Carine Black’Mor pour les illustrations et couleurs. J’aime beaucoup les histoires de fantômes. Après, les lutins – jeunesse, les fées – mystérieuses amours, les elfes – le retirement, les fantômes ne peuvent être désormais que mes prochains voisins !
Q – Quels-sont tes hobbys ?
J’aime beaucoup le cinéma, revoir de vieux films : westerns, films de pirates, d’aventures, fantastiques. Sinon, lire et poursuivre ma déambulation dans la forêt des contes, au jour le jour. Rester en éveil quant aux rencontres. Écouter, percevoir … parcourir toujours de nouveaux lieux « hantés », « habités ». Contempler, retenir un peu le temps …
avec Xavier Fourquemin
Q – De quels auteurs es-tu fan ?
Jean Ray, Claude Seignolle, Henri Pounat, Mary Webb,Kathleen Raine, Sheridan Le Fanu, Gilles Lapouge, Terence Hanbury White. J’aime énormément les auteurs de « ghost stories » victoriens.
Les Montague Rhodes James, Beuron, etc … et surtout les femmes au fantastique « très subtil » de la même époque. Bien sûr. Plein de recueils de contes et de travaux sur les croyances et le folklore.
Q – Ta dernière lecture ?
Gaston Bachelard, la poétique de la rêverie, l’air et les songes et tous les autres de cet auteur, philosophe et sans doute « elficologie » sans le savoir, dont les pages m’apaisent… Je relis aussi régulièrement Laura Willowes de Sylvia Towsend Warner. Sinon, celui que je lis en ce moment, c’est l’ombre tapie dans le coin, une anthologie d’histoires de fantômes chez José Corti.
La précédente dédicace reçue [1].