L’existence de Stéphanie, 20 ans, est pathétique : seule, sans argent, elle subsiste au jour le jour à l’aide de tout petits boulots par intérim. À deux doigts de finir dans la rue, elle échoue dans une piaule misérable du nord de Birmingham, une chambre insalubre louée à peu de frais à l’étage d’une maison victorienne délabrée. La masure sinistre est tenue par Knacker et Fergal, deux gars louches qui, soi-disant, sont cousins. Mais Stéphanie comprend vite que les types n’en sont pas à un mensonge près et, à vrai dire, tout est très bizarre dans la baraque : dès la première nuit, la jeune femme entend des pleurs inextinguibles dans la pièce d’à-côté, tandis qu’une présence invisible s’assoit avec elle au pied du lit… Un avant-goût déjà éprouvant de l’épouvante absolue qui va suivre.
Adam Nevill est l’auteur, entre autres, du Rituel (paru l’an dernier) et d’Appartement 16, son premier roman, édité en France en 2011 par Bragelonne avec une couverture quasi identique. Alors si vous avez eu entre les mains et sous les yeux Appartement 16, ne faites pas l’erreur de confondre les deux titres. Personne ne sort d’ici vivant — traduction fidèle de No One Gets Out Alive en v.o., beau titre — mêle le surnaturel britannique patrimonial (la maison victorienne hantée, difficile d’être plus classique) à une horreur tout autre, l’intrigue échafaudée par Nevill permettant aussi d’aborder la question de la prostitution et du trafic d’êtres humains. Le récit n’est pas exempt de quelques longueurs, cependant sa qualité principale est de baigner dans un noir d’encre, et l’évolution psychologique de l’héroïne, une victime de la vie, déjà éprouvée mais en aucun cas préparée à endurer les turpitudes dégueulasses qui l’attendent, constitue un portrait passionnant. Une parution estivale à ne surtout pas emporter sous un parasol, ce qui risquerait de gâcher les ténèbres.
En librairie depuis le 8 juillet 2020.