Ce matin là Agathe est d’humeur maussade : c’est le jour du départ pour le camp de vacances ! Mais comme elle le dit si bien, les adultes ne veulent jamais rien entendre. Une fois sur place, tout est si différent de la ville, et en plus les autres enfants savent faire plein de choses. Agathe, elle, se sent à part, incapable de faire quoique se soit d’utile dans ce monde sans bruit de voitures, de klaxons… Alors à un moment elle part seule, s’éloigne du groupe, glisse, tente de faire sortir cette rage et cette colère qui la rongent. Et puis alors que tout semble terrible et perdu, le livre comme l’humeur de la petite fille change de format, les pages sont désormais à l’horizontale et il faut tourner le livre pour profiter à plein du livre et du texte et comme dans l’esprit et les yeux d’Agathe, le paysage se transforme. Presque hostile les pages précédentes lorsque la fillette trépignait et s’énervait, cette nature semble désormais accueillante et prête à dévoiler ses secrets. Lorsqu’elle retrouvera le chemin du camp et ses camarades soulagés qui la cherchaient partout, elle osera leur raconter ce qu’elle a vu, entendu et d’un coup se sentira à sa place et lorsque la nuit tombe, elle sait qu’elle aura des choses étonnantes et belles à raconter à son papa.
Cet album est une très jolie surprise. Il nous cueille là où ne l’attend pas vraiment, nous raconte une belle histoire d’inquiétude, d’envie, de découverte et d’ouverture sur le monde. Et les illustrations sont superbes, elles offrent à la fois le sentiment d’être au milieu des bois et dans l’herbe haute tout en apportant avec les changements de couleurs le petit supplément d’âme et de magie qui nous emporte loin avec Agathe. Quel bel album, quelle superbe aventure à offrir à toutes les petites filles qui sont timides encore et qui se demandent parfois comme grandir et s’ouvrir au monde. Magique