Voilà un peu plus de deux semaines que j’ai commencé Oraisons. J’en ai tourné la dernière page hier soir… à regret. Quand on plonge dans l’univers créé par Samantha Bailly, il est difficile de ne pas ressentir un pincement au cœur une fois la quatrième de couverture refermée, l’histoire terminée.

Ayant un autre livre sur le feu (plutôt dangereux, ne faites pas ça chez vous), j’avais Oraisons posé sur la table du salon, attendant patiemment son tour. Le travail sur l’illustration de couverture n’a fait qu’attiser mon envie de découvrir cette réédition en un omnibus de la précédente version en deux volumes. L’étoile de base montée sur son pendentif, la Vive sortie, les couleurs crépusculaires, le Palais de l’Atracan à Abranelle, invite à la découverte d’un monde mystique, grandiose et torturé. Quand enfin j’ai tourné les premières pages, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir une carte du monde d’Ollien, moyen efficace pour se glisser plus aisément dans la peau des personnages et suivre leurs périples. Découpée en grandes parties, elles mêmes subdivisée en chapitres et en interludes permettant d’intéressantes ellipses, la mise en page est agréable, rendant la forme aussi attrayante que le fond. Chaque chapitre est annoncé par le symbole des deux principales forces s’opposant dans ce monde et d’un court texte qui présente quelques notions essentielles du monde d’Ollien, dévoile quelques bribes du passé ou des détails sur certains personnages, donnant encore plus de profondeur à l’ensemble.

A propos de l’ensemble justement. Quoi dire ? Que le monde est fouillé et crédible, facilitant une immersion totale ? Que l’intrigue est carrément bien ficelée ? Les personnages attachants ? On pourrait répondre simplement oui à toutes ces questions, mais développons un peu.

Ollien est un monde au passé mystérieux, constitué d’îles continents : le Royaume de Thyrane et ses clans rebelles, celui d’Hélderion patrie des oraisonniers tout puissants ainsi que les Terres Impies et ses mystérieux Unis, toutes bordant l’Océan Chimérique. Chaque civilisation a son originalité et son Histoire secrète qui se dévoilent au fils des chapitres, restant toujours au service de l’intrigue. Pendant presque quinze jours, je n’avais qu’une hâte une fois rentré, en apprendre un peu plus sur ce monde ancien et complexe qui est plus qu’une simple toile de fond, c’est le véritable instigateur du scénario. En ce qui concerne ce dernier, je l’ai trouvé à la fois rempli de suspens et de rebondissements, savamment distillé tout au long du livre au point de devenir entêtant et d’avoir un peu trop raccourci quelques unes de mes nuits. On y retrouve les grands thèmes qui rendent une histoire épique : la trahison, la vengeance, la mort, la vérité, la justice, la liberté et bien sûr l’amour, omniprésent. Par delà les pérégrinations sur les trois continents des personnages, principalement Noony et Aileen Manérian les deux sœurs rebelles, nous voguons sur ces émotions oscillantes, telles les Signes des Terres Impies. Les individus, même secondaires, sont tout aussi attachants que les héros, possèdent leur propre histoire et contribuent à la vivacité de l’œuvre. De plus, ici personne n’est immortel et le manichéisme n’est pas de mise : choisissez prudemment votre personnage préféré.

En définitif, je conseille vivement ce livre à ceux d’entre vous que les mots « mystère », « émotion » et « aventure » font immédiatement vibrer. L’exploration de l’âme humaine est ici présente du début à la fin de l’histoire et vous entrainera dans cette folle quête de liberté qu’est Oraisons. J’aimerais, finalement, poser une question à ceux d’entre vous ayant lu l’histoire en deux volumes : comment avez-vous fait pour attendre patiemment la sortie du second tome ? Je n’aurais pas pu.