Une jeune fille fraîchement tirée du couvent où elle avait été déposée à l’âge de 12 ans ; un prétendant arrogant et sûr de lui ; une bonne sœur qui sert de chaperon et un carrosse qui fonce à tombeau ouvert sur les routes cabossées du royaume de France de l’Ancien Régime vers une embuscade tendue par deux brigands jumeaux de la pire espèce.
Ainsi commence la nouvelle vie de la jeune Olympe de Roquedor. Jean-Philippe Arrou-Vignod et François Place ont visiblement pris grand plaisir à nos entraîner dans cette aventure à la suite de la jeune Olympe. On connaît le talent de ces deux grands auteurs pour nous amener au plus près de leurs héros et, une fois de plus, c’est une réussite. Dès les premières lignes on est dans le carrosse et autant vous dire que cela tangue, dès le début de la fuite d’Olympe. Ensuite on fonce dans les sous-bois, on sent le bois qui craque, on entend les bruits de la forêt, on sent les odeurs comme si on avait été projeté dans l’ombre des héros.
On reprend : un carrosse bien rempli ; deux brigands assassins qui tendent une embuscade ; Olympe ; le jeune homme rencontré dans la forêt qui a eu la peur de sa vie, persuadé qu’il a vu une sorcière ; un vieux soldat à la mémoire percée et au fil des pages tout un monde ; celui d’Olympe qui retrouve les bois, les prés et les personnages de son enfance. Des histoires de pouvoir, d’héritage, de jeune femme libre éduquée grâce à un père moderne et intelligent ; d’un monde d’autrefois rempli de superstitions, de personnages aussi généreux et bons que leurs équivalents sont malveillants et dangereux.
Une jeune femme qui à l’aube de sa vie d’adulte, orpheline depuis bien longtemps, tient tête à un individu sans foi ni loi, si ce n’est celle de son profit et de son intérêt. À peine sortie du couvent, elle devrait se marier et filer doux. Mais Olympe est vive, intelligente, fragile encore à peine sortie de l’enfance, mais déjà armée pour faire face et aller de l’avant. Les personnages qui l’entourent sont étonnants, eux aussi cabossés par la vie, étonnants de justesse et de surprises, ouvrant vers d’autres horizons, ceux du monde dans lequel ils vivent tous et qu’on ne fera qu’entrapercevoir ici. On retrouve la malice de l’un avec des situations cocasses et le souci du détail de l’autre dans cette écriture à quatre mains nerveuse et envoûtante. Le tout est parsemé par les illustrations toujours aussi belles et prenantes de François Place, qui laisse à rêver et imaginer les lieux. Dire aussi que ce roman par sa couverture est très beau et donne envie quand on croise la pile en librairie de l’emporter avec soi.
Vous l’aurez compris, ce roman est magnifique, très bien écrit au point de nous piéger dès les premières lignes pour nous entraîner dans une lecture haletante et heureuse. À lire et faire lire.