Gauthier de Flandre a perdu sa bataille et ère maintenant dans le désert. C’est au caravansérail de Meg Halstar qu’il croise la route Renaud et Vespera de Châtillon, fait prisonniers par la guilde des assassins. Ces derniers ont été missionnés pour récupérer le contenu d’une mystérieuse prison de métal emmenée par Renaud. Gautier leur propose de racheter Renaud et Vespera pour une somme astronomique qu’il espère obtenir en défiant le mage Calfa. Mais est-ce vraiment ce défi qui représente le plus grand danger ?
Nomade n’est pas le second cycle ni la suite de Croisade, mais une exploration de la mythologie dont les bases ont été posées au cours des quatre tomes de la série initiale. On y suit les péripéties de Gauthier de Flandre, confronté ici à une guilde d’assassins retors et à un Djinn démoniaque aussi puissant que violent.
Mais avec quels objectifs ? C’est bien tout le problème. Désormais sans maitre ni but, Gauthier n’est plus qu’un Ronin occidental condamné à une errance vide de sens. L’intrigue qui se noue ici peut être aussi intéressante que possible – et elle l’est, Dufaux continuant à brasser les contes arabes, juifs et catholiques avec intelligence, le désintéressement du personnage principal rejailli nécessairement sur le lecteur, qui se demande bien ce qui peut motiver son héro, et par écho ce qui peut motiver sa propre lecture.
Mais avant même de toucher le lecteur, la contamination a surtout touché les auteurs. Le trait de Xavier est certes toujours irréprochable sur le plan technique et bénéficie d’une colorisation époustouflante, mais s’embarque ici dans un mode automatique qui manque de l’ampleur et de l’imagination qui caractérisait Croisade. Reste que ceux qui reprochaient à cette dernière le côté trop démonstratif du graphisme y verront un avantage plus qu’un inconvénient.
Ce premier tome de Nomade est donc un très joli conte, qui n’a pas la même dimension que Croisade mais se révèle en contrepartie plus accessible.