William continue la lutte au côté de ses nouveaux frères indiens, quitte à passer pour un traitre auprès des siens. Mais une autre lutte, plus personnelle, entre dans son dernier acte, celle qui l’oppose à Milles Visages. Mais comment abattre un ennemi qui peut être partout et tout le monde ?
Milles Visages est une saga historico-fantastique à deux niveaux de lecture. L’un, fantastique, sur le combat de William et de Milles Visages, l’autre, historique, sur la colonisation de l’Amérique du Nord et le génocide des Indiens d’Amérique. Ce dernier tome aurait du être l’occasion de clôturer les deux jeux d’intrigues dans un même final. Il souffre hélas d’une faille de taille dans sa structure narrative. Les enjeux de la série, qui tournent autour de Milles Visages, sont en effet déconnectés des événements qui occupent la majeure partie de ce volume, centrés eux sur le combat de William contre les colons blancs.
Ces enjeux ne sont rattrapés sur le fil qu’au cours de la deuxième moitié du récit via une révélation de taille dont l’effet est hélas réduit par la position politique un poil fumeuse du scénario sur Abraham Lincoln. Tout au plus y peut-on y voir une piste de réflexion sur ce personnage moins extrémiste que la position idyllique qu’il occupe dans l’esprit du grand public américain.
Ces hésitations auraient-elles un lien avec le changement de dessinateur de ce dernier tome ? Il faut dire que la transition s’est là aussi faite dans la douleur. Si les personnages bénéficient d’un travail de qualité, les décors sont désespérément vides. Les scènes de batailles, qui manquent par ailleurs de dynamismes, semblent ainsi se dérouler dans une sorte de vide astral qui nuit clairement à leur lisibilité. Ce n’est pas un manque de technique, loin s’en faut, mais plutôt un manque d’adéquation entre le style retenu et le sujet.
Ajoutez une conclusion dont on ne sait pas bien si elle clôture vraiment les intrigues de la série ou si elle appelle une suite, et vous obtenez au final un volume peu convaincant.