Mars Express — le film — est sorti sur grand écran la semaine dernière et, avant même de se rendre dans les salles, certains auront peut-être pris le temps de se familiariser avec l’univers de S.F. cyberpunk de cette production d’animation française, grâce à ce roman sorti en début de mois. Mars Express – Tem relate des événements antérieurs à l’intrigue du film — un « préquel », donc —, où les agents des forces spéciales Aline Ruby et Carlos Rivera acceptent une mission qui, ils l’ignorent encore, va bouleverser leur vie : retrouver une femme disparue depuis quinze ans, qui détiendrait les clés de la survie de Tem, une adolescente sous assistance cyber-médicale permanente et, par ailleurs, vedette interplanétaire du monde de l’art.
Le récit est court (250 pages) mais ambitieux : il s’agit de planter le décor foisonnant d’un monde futuriste où non seulement les humains ont colonisé la lune et Mars, mais aussi et surtout ont lié étroitement leur nature organique à l’acier des machines. Dans Mars Express, les humains sont pour beaucoup « augmentés » grâce à des implants qui les connectent en permanence les uns aux autres ou qui permettent de développer leurs capacités physiques, par exemple leur aptitude au combat. Évidemment, du point de l’amateur de S.F. un tant soit peu averti, tout cela n’est pas neuf, l’animation et la BD japonaises, entre autres, ayant depuis longtemps foulé les mêmes territoires prospectifs. D’où une lecture jamais désagréable au demeurant, mais alourdie d’un sentiment permanent de déjà-vu (sans entrer dans les détails, on distingue sans mal l’influence de titres hautement renommés — Ghost in the Shell, Appleseed, Akira… pour ce qui est de l’héritage nipppon, et l’on pense aussi aux bouquins de Richard Morgan, Carbone modifié ou Thin Air). Sinon, on ne part pas sur Mars mais on vole d’un continent à l’autre (continent ou ce qu’il en reste, la montée des eaux n’ayant laissé émergé que 20 % de la surface du globe) pour les besoins de la mission confiée aux deux héros, Aline et Carlos. L’originalité de l’histoire tient surtout à la thématique très actuelle de l’intelligence artificielle appliquée au monde de l’art, avec des IA désireuses de trouver le secret de « l’inspiration humaine », condition sine qua non pour donner naissance à des œuvres originales et personnelles. Le sujet est passionnant en soi, alors on adhère jusqu’au bout à l’histoire, ce malgré une narration parfois confuse, elliptique, avec un auteur qui fait partir son récit dans trop de directions. La conclusion parvient à raccrocher in extremis les wagons avec le film, invitant à poursuivre l’expérience en salle…
En librairie depuis le 8 novembre 2023.