Les fans de DragonForce et des prouesses vocales de Marc Hudson ne pouvaient pas passer à côté de cette sortie : le virtuose au larynx hors norme propose aujourd’hui son premier album solo avec, au programme, une collection de power ballads où les accords de guitare metal s’acoquinent avec des plages de synthé pop. Et où le dragon s’envole porté par les notes aériennes caractéristiques du chanteur. Starbound Stories est disponible depuis le 25 août.
Khimaira: Bonjour, Marc. Depuis douze ans tu es le chanteur de DragonForce, et voilà que tu sors un album sous ton nom. Est-ce que ça a été compliqué d’annoncer aux autres que tu voulais faire un premier pas vers une carrière en solo ?
Marc Hudson : (rires) C’est sûr, quand j’ai leur parlé de cette envie d’escapade hors du groupe, j’ai reçu en retour quelques ricanements. Ils ont été surpris, mais finalement ils ont tous très bien pris la nouvelle.
Cet album solo est-il né d’une envie de faire une musique très différente de ce que tu as l’habitude de faire avec DragonForce?
Oui, j’ai tenu à explorer une tout autre dimension. La musique de DragonForce, c’est comme un train de montagnes russes qui file à 100 à l’heure et on n’a jamais envie que ça s’arrête, avec des mélodies qui s’envolent et des solos de guitare foudroyants. Dans Starbound Stories, il y a forcément aussi un peu de ça, on retrouve les mêmes rythmes rapides et la même énergie. Je ne vais pas me défaire d’un coup de ce qui fait l’essence de DragonForce. Mais il y a aussi quelque chose de très différent, des éléments très pop, notamment empruntés à la pop japonaise et aux b.o. des séries de japanime.
À titre personnel, ce mélange m’a beaucoup plu, et je me demandais si un tel album aurait été possible il y a, disons, 15 ou 20 ans… Penses-tu que les musiciens comme le public sont plus ouverts aujourd’hui à des influences très éloignées du metal ?
La musique, c’est comme une créature capable d’évoluer et de s’adapter en permanence, à la manière d’un caméléon qui modifie sa couleur. C’est génial ! Et tu as raison, la scène metal actuelle est vraiment beaucoup plus tolérante que ce qu’elle a pu être, avec un public qui accueille les mélanges de styles à bras ouverts. Après, tu vas toujours trouver quelques râleurs qui vont se plaindre en disant que mon album, ce n’est pas du metal. Et en définitive, je ne peux pas leur donner tout à fait tort (rires) !
Les musiciens avec qui tu as enregistré Starbound Stories, les connaissais-tu avant d’enregistrer l’album ou s’agit-il de toutes nouvelles recrues ?
Il y en a certains que je connaissais déjà et d’autres que cette aventure m’a permis de rencontrer. Franchement, le fait de travailler sur un album avec une toute nouvelle équipe, ça a été une expérience géniale ! Le premier à s’être mis au travail avec moi, c’est Shaz [aux claviers — NdR]. Les autres nous ont rejoints peu à peu en apportant tous leur part de talent et leur touche personnelle. D’un bout à l’autre, ça a été un ouvrage collaboratif où nous avons travaillé en parfaite harmonie.
Tu parlais à l’instant du Japon, et l’influence de ce pays dans ta musique est un trait distinctif immédiatement identifiable. D’où t’est venu cet attrait pour la culture nippone ?
Le Japon tient une place à part dans mon cœur. Pense à un roman que tu trouves captivant et que tu n’arrives pas à lâcher… Ce pays, pour moi, c’est exactement la même chose. Je ne me lasse pas d’en explorer la culture et l’Histoire, qui sont tellement riches, d’en admirer ses paysages à couper le souffle… Avec DragonForce nous avons joué au Japon [voir l’album et DVD live In The Line Of Fire (2014) — NdR], et l’expérience m’a fait une très forte impression. Les influences japonaises qu’on entend dans Starbound Stories sont un clin d’œil aux instants magiques qu’on a vécus là-bas.
En parlant de clin d’œil — mais arrête-moi si je me trompe —, l’artwork de l’album m’a tout l’air de renvoyer à la série de jeux vidéo Final Fantasy…
Tu as toi-même un sacré coup d’œil (rires) ! Oui, c’est tout à fait ça, la pochette de l’album est un hommage à l’univers de Final Fantasy. Je suis très amateur de jeux vidéo. Si je pouvais travailler un jour sur la musique d’un jeu, d’un film ou d’une série animée, ce serait comme un rêve devenu réalité. Pour moi, c’est un monde où la musique s’unit à la narration de la plus belle des façons possibles !
Et cerise sur le gâteau, il y a un titre en fin d’album dont le titre est en anglais mais que tu chantes entièrement en japonais ! Il n’a pas été difficile à enregistrer ?
Ça a été une aventure linguistique, je ne le cache pas ! N’étant pas un expert, j’ai travaillé en étroite collaboration avec un ami japonais qui m’a énormément aidé pour la prononciation et le phrasé.
Trouves-tu que les sonorités et le rythme de cette langue conviennent au rock et au metal aussi bien que l’anglais ?
La langue japonaise a en effet un rythme bien à elle, et je trouve que oui, tout à fait, elle sonne très bien pour chanter du rock ou du metal. Et ça a été vraiment un défi amusant pour moi de me frotter aux différences linguistiques pour enregistrer ce morceau.
Parlant du contenu des paroles et de l’atmosphère que les chansons dégagent, je trouve que l’album tout entier fait figure de véhicule ou de portail pour emporter l’auditeur très loin, dans un refuge imaginaire coupé du monde réel. Est-ce ainsi que tu l’as conçu ?
Tu as parfaitement saisi l’essence du projet ! C’est très juste : pour moi, Starbound Stories doit ouvrir les portes vers une évasion musicale dans un monde de merveilles et d’imagination. C’est comme se retrouver enveloppé dans une accolade chaleureuse qui t’élève jusqu’à un endroit où l’ordinaire cède la place à l’extraordinaire. Il n’y a peut-être que la musique qui ait ce pouvoir de nous transporter, et je suis enchanté que tu ais ressenti ça à l’écoute de l’album.
Y a-t-il une tournée prévue pour jouer l’album sur scène ?
C’est quelque chose dont j’ai très envie, j’y pense sérieusement. Rien ne me ferait plus plaisir que de jouer ces chansons en concert et partager ce voyage musical avec des fans, aussi bien en Europe qu’au Japon. Pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour à cause de mon emploi du temps très chargé avec DragonForce. Mais je croise les doigts !
Je te remercie beaucoup pour tes réponses, Marc !
C’est moi qui te remercie pour tes excellentes questions, Julien ! C’était super de parler avec toi de Starbound Stories. J’espère te revoir parmi le public dans un prochain concert. D’ici là, reste toujours rock’n’roll et passe une journée d’enfer !
Propos recueillis en septembre 2023. Un très grand merci à Anaïs Montigny (SLH Agency, Lyon) et à Juliane Baier (Napalm Records Berlin).
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