Avec Duds Hunt et Reset, Tetsuya Tsutsui a déjà montré son attirance pour le thriller. Dans Manhole – bouche d’égout en anglais – il nous amène ici une série de trois volumes d’un thriller qu’il qualifie lui-même de « thriller biologique ». En effet, il est question d’une maladie parasitaire – bien crade comme il se doit – qui se répand dans une ville japonaise.
Tout commence par un homme nu qui s’extrait d’une bouche d’égout et va contaminer un jeune homme juste avant de mourir. Deux policiers et leur brigade vont être rapidement mis cette enquête, car il faut comprendre ce qu’il se passe. Simple épidémie, travaux d’un savant fou, bioterrorisme ou maladresse d’un groupe de chercheurs, les pistes sont nombreuses et toutes aussi inquiétantes.
Ken Mizoguchi, le vieux flic expérimenté, et Nao Inoue, la jeune enquêtrice, forment l’équipe d’investigation au cœur de ce récit haletant. Si la mise en page est assez ordinaire, les graphismes sont soignés et savent restituer l’urgence de ce type de situation. Heureusement que c’est en décembre que tout cela se passe, évitant ainsi la prolifération des moustiques tigres, principaux vecteurs de ce parasite.
L’urgence est parfaitement restituée, tant dans le rythme du récit que dans le travail des enquêteurs. Trouver le patient zéro et comprendre l’origine de l’épidémie, voilà ce qu’il faut mettre au jour le plus rapidement possible pour les deux enquêteurs, tout en évitant de communiquer au public afin d’éviter tout mouvement de panique.
Ce manga se lit avec grand plaisir, car la progression est digne d’un grand thriller et l’auteur montre qu’il a une maîtrise consommée du genre. Ce qui ressort de cette histoire, c’est que cela pourrait fort bien se produire n’importe où dans nos pays occidentaux. Si nous n’avons pas encore été confrontés à une épidémie foudroyante et de masse – hormis la sinistre grippe espagnole de 1918 -, c’est certainement une question de chance. Mais tout aujourd’hui est réuni pour que le cauchemar prenne corps.