Manga BoyZ est un jeu qui n’a guère laissé indifférent à sa sortie, attirant d’assez vives critiques à son égard pas toutes justifiées. Car abstraction faite d’un produit extrêmement mal vendu par son éditeur (tarif élevé, univers manga qui ne l’est que lointainement), Manga BoyZ est un jeu assez sympathique, bien rédigé et qui assume parfaitement son orientation rapide à consommer.
Le public ne semble pas s’y être trompé puisque le premier livre de base a déjà connu trois versions, suivies d’un second opus reprenant les règles et maintenant d’un troisième volume. Première constatation, la qualité du produit a bien augmenté. La mise en page est toujours aussi simple mais plus propre, l’impression et la reliure mieux réalisée. L’éditeur semble avoir aussi entendu les critiques sur le prix puisque pour le même montant que Manga BoyZ 1.0, soit environ 15€, l’ouvrage passe de 96 à 172 pages, soit presque le double.
Contrairement à Manga BoyZ 2.0, la Chute du Géant Mauve n’est pas un ouvrage indépendant et nécessite l’un des deux ouvrages précédent pour être exploité. Les deux sont même conseillés, les références à ceux-ci étant assez nombreuses – et c’est tant mieux, comme nous le verrons plus loin.
Il commence par une description, toujours en mode "ultra succinct", du Mexique et du Maghreb, et cinq nouveaux archétypes. Mais le coeur du sujet (et la presque totalité du supplément), est une campagne en cinq scénarios emmenant les PJ de la Floride à la Mongolie en passant par l’Europe et les pays de l’Est. Cette campagne arrive à point nommé au sein de la gamme. Reste à voir sa qualité…
Sur le fond, elle possède ce caractère "larger than life" qui marque l’univers de Manga BoyZ. Au delà de sa légèreté apparente, le jeu tisse ici patiemment une toile de lieux, personnages et événements cohérente et très cinématographique. Les PJ vont rencontrer des personnages important au sein de la résistance, participer à des découvertes et des événements décisifs, bref : être des héros !
Aurions-nous donc là la campagne rêvée pour Manga BoyZ ? Hélas… la forme l’emporte finalement sur le fond. Ce n’est pas tant l’extrême linéarité de l’ensemble ni le manque criant de variété – les PJ vont globalement enchainer les combats – qui posent vraiment problème. Après tout, le sel de Manga BoyZ réside plus dans le contexte qui entoure ces scènes que dans les scènes elles mêmes. Non, le vrai problème réside dans le ton adopté par l’auteur, en mode humour cheap ultra-référencé de la première à la dernière page. Manga BoyZ est déjà très archétypale, le tourner en dérision le fait carrément basculer dans le grotesque. Jusqu’au final qui consistera à opposer aux PJ une parodie de Goldorak. Nuff Said.