Il est agent secret, tombe toutes les filles, il ne tremble pas devant les super-méchants qui veulent asservir le monde… Bond, James Bond ? Eh non, Isador Cortez, plus connu sous le sobriquet de Machete ! Après un premier volet en 2010 qui tapait dans le registre de la comédie d’action, Danny Trejo est de retour pour un nouveau festival de morts violentes orchestré par Robert Rodriguez. Machete ne sourit pas, il cause peu mais il tranche : mandaté par le Président des États-Unis en personne, le Mexicain à la tronche burinée taille sa route au fil du coupe-coupe jusqu’à Luther Voz (Mel Gibson, dans une compo très allumée), un millionnaire mégalo dont les rêves délirants pourraient bien provoquer la fin du monde !
L’allusion à 007 n’est pas innocente, le scénario pillant sans vergogne le patrimoine « bondien » : après une entrevue à la Maison blanche qui ressemble à la version yankee d’un briefing avec M dans les lambris vernissés du MI-6, Machete file au Texas où l’attend « Miss San Antonio », pendant féminin de Q avec cascade de cheveux blonds et décolleté (Amber Heard). Des tas de salopards et d’hommes de main font leur apparition, on tire de partout, des membres tombent, les têtes volent… les vies humaines ne valent guère plus que les serpillières qu’on étalerait pour éponger tout le sang versé. Machete, lui, est increvable. Le final, emprunté à Moonraker de Lewis Gilbert (opus médiocre de la série des Bond, période Roger Moore), voit le « badass » s’envoler pour l’espace où l’attendent de nouvelles aventures… à découvrir dans Machete Kills Again In Space, hypothétique troisième volet dont la bande annonce est présentée en avant-programme !
Sur le papier, ce décalco tex-mex et décadent de l’univers imaginé par Ian Fleming ne manque pas de sex-appeal, mais encore fallait-il trouver le ton juste. Or, contrairement au premier film et à sa trame de polar mi-sérieux, mi-drolatique, Machete Kills déroule une intrigue entièrement parodique. Et le second degré permanent est épuisant : la rigolade devient tellement énorme, gratuite (avec une pléthore de personnages hauts en couleurs mais inutiles) qu’il est impossible de prendre le film autrement que comme un ersatz des comédies du trio Zucker-Abrahams-Zucker. Voilà donc un spectacle tout ce qu’il y a plus inoffensif, et à titre personnel, ce n’est pas ce que j’attendais du réalisateur de Desperado et des nouveaux exploits de Machete. Verra-t-on vraiment un troisième volet « in space » ? Le projet est en développement, prévu pour 2014, et la vraie/fausse bande annonce fait un appel du pied à Leonardo DiCaprio pour qu’il intègre le casting. Depuis Django, ce dernier est devenu le pote de Tarantino, lui-même copain comme cochon avec Rodriguez. Mais il faudra peut-être plusieurs litres de cerveza à faire ingurgiter à Leo pour le convaincre de se planter sur la route de Machete…
Sortie dans les salles le 2 octobre 2013.