Dans ce dix-huitième siècle finissant les nuits vénitiennes ne sont guère sûres. Ce notable qui ère dans les venelles de la cité des Doges va pouvoir le confirmer très vite. Dirigé par un guide pour le moins patibulaire, il se retrouve au cœur d’un guet-apens qui aurait pu lui couter la vie si l’intervention d’un étrange personnage masqué n’avait déjoué ce plan pour le moins bien ficelé. L’homme masqué n’est autre que Giacomo Casanova et le notable sauvé d’une mort probable Joseph Balsamo, comte de Cagliostro. Les deux hommes trouveront le gîte auprès d’un couvent très particulier au sein duquel ils seront « pris » en main au propre comme au figuré… Un siècle et demi plus tard sur les toits de Venise un voleur agile fait irruption dans une maison abandonnée à la recherche de quelques biens de valeur à dérober. Attiré par un somptueux miroir recouvert d’un drap l’homme s’en rapproche et le découvre. Presqu’aussitôt il se trouve agressé par trois personnages masqués venus tout droit du fameux miroir… S’en suivra une déambulation échevelée dans cette cité aux mille visages. Une course poursuite à la recherche d’un manuscrit ancien qui pourrait revisiter l’histoire…
Lele Vianello propose avec Lunes vénitiennes un récit qui mêle avec réussite l’exploration de la somptueuse lagune et l’histoire de personnages singuliers le tout sur une trame fantastique qui porte le lecteur sur deux périodes séparées de plus de 160 ans. Vianello excelle dans la mise en ambiance de son propos. Le découpage classique en six cases par planches, le texte efficace jamais surchargé et le trait élégant qui tisse de véritables flanelles font de cette histoire un récit qui impose sa touche. Vianello fait partie de ces auteurs pour qui l’esthétisme du dessin s’accompagne d’un texte qui sait nourrir et stimuler notre imaginaire. Au final un vrai plaisir de lecture.