On pourrait trouver lassant ces histoires à la Stephen King où le lecteur passe sans cesse de l’enfance des héros aux jours actuels. Mais nous n’avons pas affaire à Stephen le prolifique, mais à C. J. Tudor qui, avec ce premier roman, nous propose un page-turner de haut vol.
« « Nous n’étions pas d’accord sur la manière dont ça avait commencé. Était-ce lorsqu’on s’était mis à dessiner les bonshommes à la craie, ou lorsqu’ils sont apparus tout seuls ? »
1986. Le jeune Eddie et ses amis élaborent un langage secret pour Communiquer : de petits bonshommes tracés à la craie. Ce qui n’est qu’un jeu prend une tournure tragique lorsque l’un de ces dessins les conduit jusqu’au cadavre d’une jeune fille.
Trente ans après le drame, alors qu’Eddie le pense derrière lui, le passé refait surface… Le jeu n’est pas terminé. »
L’homme craie se déroule en Angleterre, même si nombre de cliches nous font penser à des histoires étasuniennes. Ce roman, écrit à la première personne, c’est la voix d’Edward Adams, Eddie Munster, Ed, 12 ans, qui nous raconte ce qu’il s’est passé en 1986, à Anderbury, petite bourgade d’Angleterre où avec sa bande d’amis, il a passé son enfance.
Tout commence par un dramatique accident lors de la fête foraine qui va permettre à Ed de rencontrer M. Halloran, un enseignant qui va prendre fonction lors de la prochaine rentrée. Plus, tard, lors de l’anniversaire d’un de ses amis, quelqu’un va offrir à ce dernier un seau de craies. La petite bande va alors utiliser des craies pour se laisser des messages.
L’ambiance est lourde dans la petite cité, car la mère d’Ed travaille dans une clinique qui aide les femmes à avorter et le pasteur local et sa clique ne manque pas de faire monter les hostilités entre les uns et les autres. De nombreux crimes vont alors se dérouler pour finir par la découverte par Ed et ses amis d’un corps démembré.
Enquête bâclée, responsabilités partagées, tout cela fera partie des introspections d’Ed, quelque trente ans plus tard. Les démons du passé vont revenir le hanter. Les vies du groupe d’amis sont loin d’être simples et les secrets d’enfance sont parfois lourds à tel point que, comme l’indique la couverture « Les enfants ne sont pas toujours innocents… ».
Avec L’homme craie, C. J. Tudor se fait d’emblée un nom dans le monde du thriller. Jusqu’au dernier instant, après une succession de cliffhangers maîtrisés, d’aller-retour abyssaux, elle nous amène à une révélation finale en apothéose. Son style fluide, immersif, nous emmène sur les routes du souvenir, des regrets, du doute et nous raconte une époque qui n’est plus, mais qui hantera durablement les protagonistes. Une vraie réussite.