Avec L’Étoile du Nord, D. B. John nous invite à suivre trois trames narratives, trois vies qui auraient pu ne jamais de croiser de part et d’autre du trente-huitième parallèle. La trame principale est celle de Jenna Williams, ou plutôt Jee-Min. Elle est Américaine par son père et Coréenne du Sud par sa mère. Il y a douze ans, Soo-Min, sa sœur jumelle, et Jae-Hoon, le petit ami de celle-ci, disparaissaient mystérieusement sur une plage d’une île sud-coréenne. Depuis, ce qui reste de la famille est rentré aux États-Unis.
Jenna a fait son deuil pensant les deux amants victimes d’une noyade, même si personne n’a jamais retrouvé leurs corps. Elle est maître-assistant au sein du département civilisations et langues étrangères d’une grande université américaine. Elle est tout naturellement une spécialiste de la péninsule coréenne. Lorsqu’elle découvre que d’autres jeunes gens originaires du bloc occidental ont également disparu sur les côtes de Corée du Sud et du Japon, elle commence à entrevoir une autre destinée pour sa sœur. D’autant qu’un agent de la CIA l’approche pour qu’elle intègre l’Agence et se rende en Corée du Nord. C’est peut-être l’unique occasion de savoir ce qu’il s’est réellement passé douze ans plus tôt.
Les deux autres vies que nous allons suivre sont celles de deux Coréens du Nord. Il y a tout d’abord Moon, la vieille femme du peuple des campagnes qui survit avec les maigres productions agricoles et des tickets de rationnement. Lorsqu’un ballon venant de Chine lui permet de mettre la main sur des biens prohibés, elle va améliorer son ordinaire en les vendant sur le marché parallèle. L’important est de ne pas se faire prendre, ou pire, dénoncer.
L’autre personnage est Cho. Il appartient à la classe supérieure de la population et se voit chargé d’aller négocier avec les Américains afin d’obtenir des financements pour le pays. Même s’il est mieux traité que Moon, il est bien plus en vue. Le moindre faux pas, le moindre doute exprimé et il disparaîtra, comme tant d’autres avant lui, du jour au lendemain.
Nous savons déjà, par la structure du texte que ces trois-là vont se croiser, mais dans quelles circonstances, c’est là l’intérêt du récit, car ils sont si différents, porteurs d’idées et de visions du monde si distantes. La Corée du Nord nous est montrée comme la dictature que l’actualité nous présente, mais sous des éclairages variés. Richement documenté, ce roman d’espionnage haletant est une visite sans risque de la dernière dictature communiste au monde où ce n’est pas l’argent qui fait avancer la société, mais la peur, une peur permanente qui tient toute la population.