Résumé :
À l’intérieur d’un Paris désormais entouré de murailles pour éviter la propagation d’un mystérieux virus, subsistent malades et personnes immunisées.
Les infectés se sont regroupés selon que leurs symptômes les ont fait muter en des créatures que l’on a qualifiées par analogie à des vampires, des loups-garous ou des goules. Ils s’entretuent lorsqu’ils ne cherchent pas de la nourriture au sein de la population saine : des enfants ou des adolescents qui grandissent la peur au ventre, les adultes ayant été les principaux touchés par la maladie!
Une expédition militaire est montée pour récupérer, au cœur de la ville, un vaccin mis en culture avant la débâcle.
Notre avis :
Jean-Luc Bizien revient sous le label Naos, la collection jeunesse des indés de l’imaginaire (L’Appel du dragon du même auteur en fait également partie, tout comme Rouge Toxic de Morgane Caussarieu).
Il nous propose un roman post-apocalyptique au travers des portraits croisés de personnages qui vont évoluer dans la capitale française placée en quarantaine.
La présentation de ces derniers donne l’occasion de nombreux développements quant à leur psychologie, qui se révèlent comme autant d’opportunités d’aborder des thèmes variés, que les conséquences de l’épidémie mettent en exergue.
Les uns cherchent, par exemple, à retrouver leur petite amie, leur mère, les autres endossent la responsabilité de protéger les plus jeunes, certains ont peur, malgré tout, de se voir rejeter si leur homosexualité venait à être révélée ; une autre se découvre enceinte : le géniteur était-il un infecté ?
Alors que des monstres peuplent les rues, l’ensemble de ces personnages tentent de survivre et de trouver de la nourriture, pour le groupe qu’ils ont rejoint ou pour eux-mêmes.
À cette population intra-muros vient s’ajouter une organisation militaire aux motivations plutôt floues.
Si nous sommes invités à suivre la mise en place d’une opération pour infiltrer un scientifique qui affirme détenir un remède, on ne peut faire sans ses fameux « veilleurs » qui donnent leurs noms à ce roman, qui pourrait manifestement devenir une série.
De façon régulière, des volontaires acceptent de se faire introduire dans Paris pour venir en aide aux survivants et contrecarrer les plans de « résistants ».
La vérité serait ailleurs, ou tout du moins dissimulée à la population française, dont certains éléments essayent de découvrir la nature exacte des événements qui ont amené à faire isoler la « ville lumière » de la sorte.
Dans les premières pages de ce roman, Jean-Luc Bizien évoque les jeux vidéo et les films d’horreur pour camper les monstres qui peuplent le Paris futuriste qu’il met en scène, des références qui étayent également le sentiment du lecteur de se retrouver face à une mise en abyme.
Les sources d’inspiration de l’auteur ne font aucun doute.
Le récit, choral, est extrêmement vivant, rythmé, bien que l’on puisse regretter une mise en place longue de l’histoire, dont l’évolution de l’intrigue se résume à peu de faits, malgré des scènes d’actions nombreuses et rapportées de façon très visuelle et imagée (certaines scènes sont dignes d’un épisode de The Walking dead ou de Call of Duty).
Les Parisiens n’auront également aucun mal à se projeter : on n’a aucun mal à imaginer les scènes sur le parvis de Notre-Dame.
Les monologues intérieurs des protagonistes semblent cacher des éléments sur lesquels on peut légitimement s’interroger et qui ne trouvent pas de réponses à la fin des 400 pages du roman : on peut aussi accepter ce « flou artistique » (la nature véritable des monstres est le meilleur exemple) présent dans le genre, tout autant que le regretter.
Peut-être, espérons-le, comprendrons-nous tout dans une éventuelle suite.
Un roman dans la continuité de ce que Jean-Luc Bizien a pu faire par le passé sous le pseudonyme de Vuk Kovacevic et sa série « Les échappés de l’enfer », mais adapté à un public plus jeune qui pourra trouver plaisir à suivre ce récit décomplexé et jouissif.