Les adultes ne sont plus qu’une légende sur ce bout d’île peuplée d’enfant. Une légende où ils sont comme des dieux dont la négligence aurait entrainé leur propre perte. Une légende à laquelle certains enfants croient. Une légende qui les divise en différents groupes : les cheveux blonds, souverains de l’île, les cheveux noirs, savants et ennemis farouches de blondinets, et les cheveux roux, pirates et électrons libres de ce monde. Mais une voie s’élève, un blond chevalier dont les doutes remplissent le cœur et dont le destin pourrait être bien plus grand que ce qu’il imagine…
Avec ces Légendes de ParvaTerra, le Lombard continu d’investir le champ du médiéval-fantastique tout en restant fidèle à sa longue tradition de BD Jeunesse. Son concept n’est pas sans apporter un lot de questions quand à son traitement. Comment en effet gérer de manière crédible un univers d’enfants ? Si ceux-ci ne peuvent pas grandir par le corps, ne sont-ils pas obligés, par la force des choses, de grandir au moins par l’esprit ? Ne s’agit-il pas plutôt, dans ces conditions, d’un univers d’adultes piégés dans des corps d’enfants ?
Ces questions se ressentent particulièrement dans certaines thématiques, à commencer par le destin caché de notre héro et le voyage initiatique qui s’ensuit inévitablement… mais dans une ambiance finalement très Guerre des Boutons ! Pour autant, à l’image du titre, Raul Arnaiz a l’art d’entretenir l’ambigüité et certaines scènes laissent planer un doute quand aux limites que les personnages sont vraiment capable d’atteindre en terme de violence.
C’est dans ces interstices que le scénariste cache habillement les nombreux niveaux de lecture de son œuvre, à commencer par les trois « ethnies » d’enfants représentant pour ainsi dire trois philosophies différentes qui se confrontent.
Le résultat fait naturellement des étincelles pour un rendu haut en couleurs jusque dans les dessins. L’univers graphique pastel, qui à première vue peut surprendre par son manque de relief – le trait n’est quasiment pas encré – fini par enchanter son monde. Il faut dire que l’auteur a absolument tout réalisé ici, et ce jusqu’aux couleurs !
ParvaTerra tient définitivement toutes ses promesses avec ce début qui ne manque pas de charme. Le Lombard a décidément le vent en poupe en ce moment !