Trois histoires en parallèle qui vont finir par se croiser dans un final grandiose, voilà bien une trame narrative que Johana Gustawsson a su mettre en valeur lors de cette deuxième enquête de la profileuse Emily Roy et de la romancière spécialiste des criminels qu’est Alexis Castells. Ce Mör succède donc à Block 46, mais peut être lu indépendamment du premier texte. En suédois, ce terme pourrait être traduit par tendre, dans le sens du cœur sensible, mais ici, le sens est disant plus proche de son acceptation culinaire. Mais voyons les trois trames qui vont nous guider dans les méandres du crime.
Tout d’abord, il y a cette jeune suédoise qui, expatriée à Londres, survit en essayant de rester honorable en cette fin du XVIIIe siècle. Dans les rues de la cité, un certain Jack l’Éventreur commet ses crimes et sème la terreur. Une terreur qui reste au ventre des petites gens tandis que leurs maîtres n’y voient qu’une distraction. Nous suivrons ses descendants jusqu’à nos jours, en une succession de déviances plus ou moins choquantes.
Nous suivrons aussi la dernière victime du tueur en série. C’est une actrice connue, ce qui rend sa disparition d’autant plus médiatisée et donc entraine une belle tension sur les policiers qui doivent la retrouver. Il est d’autant plus effroyable de suivre son calvaire qu’on connait de mieux de mieux le modus operandi du tueur. En effet, toutes les victimes, des femmes, ont été retrouvées privées de chair. Leurs seins, hanches, cuisses et fesses ont été retirés de leur cadavre.
Enfin il y a l’enquête où Emily Roy est au cœur des recherches. L’arrivée d’Alexis dans l’enquête pourrait mettre à rude épreuve leur amitié. En effet, ce type de meurtre a déjà existé et celui qui devait épouser Alexis a été tué par Richard Hemfield qui a alors interpellé. Devant surmonter sa douleur, Alexis doit rencontrer Hemfield pour comprendre qui peut, de nos jours, reprendre son œuvre funeste.
Cette nouvelle enquête, menée à un rythme d’enfer, nous laisse une fois encore deviner le monstre qui se cache en chaque humain. Thème passionnant s’il en est, les ombres de Jack n’en font que ressortir toutes les questions liées à la relation qui lie durablement l’humain au monstre. Cette monstruosité qui n’est qu’un rapport à la morale et à l’ordre social. Alors, il n’est pas question ici de spoiler, mais une fois encore, la conclusion de cette affaire va prendre une forme de poupées russes qui nous montre toute l’échelle des crimes. Une réussite qui mérite un troisième volume que, pour ma part, j’attends avec impatience.