Mycelle, métamorphe et guerrière dr’o, est à l’honneur sur la couverture de ce quatrième volume de la série Les Bannis et les proscrits, récit épique des aventures de la sor’cière Elena. Les temps sont loin où l’héroïne, innocente et terrorisée, fuyait les forces maléfiques du Seigneur Noir en seule compagnie de son frère Joach. Au cours des multiples péripéties et voyages contés dans les trois premiers tomes, Elena a su trouver de nombreux alliés dans la lutte contre le Gul’gotha. Après la prise de Val’loa en conclusion du tome précédent, Elena et ses amis — et tous leurs soutiens — mettent à exécution un plan pour priver leur terrible ennemi de ses pouvoirs : détruire les portails du Weir, sources de la magie du Seigneur Noir…
Quatrième tome, donc, et James Clemens, émérite arpenteur des territoires de la fantasy, tient toujours la distance avec un récit éclaté en plusieurs « livres » et suivant les trajectoires de plusieurs groupes de personnages. Les portails qu’il s’agit de réduire à néant se trouvent en des points très éloignés les uns des autres, aussi les héros se séparent pour mener la mission à bien. Les distances importantes entre les différentes destinations autorisent Clemens à nous plonger dans des ambiances et décors radicalement opposés : tandis que Mycelle, Kral et d’autres compagnons explorent les forêts glacées et battues par le blizzard à proximité du Mur du Nord, Joach et les siens s’aventurent sous le soleil cuisant du désert, jusqu’au Mur du Sud et les ruines de Tular. Elena, de son coté, accompagnée entre autres d’Er’il, Kast, Sy-wen et Tol’chuk, part pour le Gul’gotha et sa topographie volcanique infernale. Le dépaysement est total, quelles que soient les régions sillonnées, et l’introduction de nouveaux personnages — notamment Kesla, belle jeune fille et redoutable assassin — fournit la matière à de nouveaux et passionnants dilemmes moraux et sentimentaux. James Clemens, forcément conscient que ses personnages ne sauraient mener leur périlleux combat jusqu’au bout sans y laisser des plumes, se montre plusieurs fois cruel à leur égard. C’est le prix à payer pour que le récit héroïque qu’il nous propose conserve toute sa vraisemblance. Qu’on s’attende donc à voir souffrir, voire périr quelques-uns des héros qui nous sont devenus si familiers depuis le premier épisode, Le Feu de la sor’cière. Et rendez-vous en mars pour la parution de L’Étoile de la sor’cière, le tome conclusif de cette exceptionnelle série de fantasy.