Jean-François Chabas nous entraine avec le « Merveilleux » dans une drôle d’histoire. Dans les montages, là-haut, aux confins du Cachemire, tout a commencé il y a bien longtemps, mais c’est avec Gupar, rude villageois des montages, forgeron et rémouleur de son état que tout débute vraiment. A la recherche de nouveaux corindons, il part haut dans la montagne en ce début de printemps où les éléments semblent avoir décidé de tout bouleverser, de tout remodeler. Il y trouvera le plus gros des saphir, qu’il considérera comme un don et qu’il finira par revendre rapidement à deux individus étrangers contre ce qui pour lui est un trésor.
La suite de l’histoire nous est raconté par les lettres envoyées par un marin anglais : William Foot. Les premières lettres vont vous faire dresser les cheveux sur la tête. Rustre, menteur, raciste, le parfait portrait catastrophe du colon européen du XIXème siècle, méprisant avec les autres peuples et leurs habitudes. Il écrit à son vieux camarade de régiment Patrick, un irlandais pure souche, à qui il n’épargnera pas non plus quelques perfidies anglaises et xénophobes envers les Irlandais catholiques.
Pourtant au fil des lettres, alors qu’il raconte son voyage, son Inde, ses réflexions sur les autres et sur les siens, le ton change d’abord imperceptiblement et le masque tombe peu à peu. William Foot dresse alors un portrait peu affable, mais réaliste de ses contemporains et de leurs travers.
Quand au Merveilleux, s’il a fait sa fortune et lui permettra de repartir vers les Indes changé et bien plus humain, il attise toujours autant les convoitises et causera la perte et le meurtre des suivants avant de tomber entre les mains de May Hardy et de boucler la boucle. Une âme pure et belle s’emparait du saphir alors qu’une autre loin de là mourrait paisiblement.
Ce roman est destiné aux bons lecteurs adolescents. Une ballade dans le monde du XIXème siècle et une belle réflexion sur les rapports entre les civilisations et l’Humain, dont l’auteur nous dresse un portrait saisissant et passionnant.