Karl a 15 ans et une vie d’adolescent assez traditionnelle. Pour échapper à sa belle-mère, il trouve refuge dans les jeux vidéo, plus particulièrement dans son jeu fétiche, le Maitre des Ogres. Mais voilà que suite à un court-circuit, les personnages du jeu se trouvent projetés dans le salon de Karl ! Celui-ci va devoir faire son possible pour les cacher le temps de trouver un moyen de les ramener chez eux.
Entre sa thématique, son héro ado, son graphisme cartoon légèrement emprunt du manga et ses couleurs criardes, le Maitre des Ogres ressemblent à s’y méprendre à une BD jeunesse, spécialité du Lombard, au même titre que les récentes Légendes de Parvaterra. Dans cette dernière série (dont nous disions beaucoup de bien sur le tome 1 ici même), des héros enfants se livrent à une guerre des boutons dont la violence est tout en retenue. Et c’est parce que l’un des personnages s’approche dangereusement de la ligne à ne pas franchir que l’histoire de déclenche.
Cette ligne, le Maitre des Ogres ne fait pas que la franchir : il semble complètement l’ignorer ! Les personnages du jeu vidéo s’attaquent ainsi au monde réel, déchiquetant un gardien ici, cognant un policier là, au cours de scènes tout simplement stupéfiantes. Le tout sous le regard de Karl, qui ne semble pas vraiment heurté, voir y trouve une certaine normalité.
Ce n’est pas qu’un problème de cible (après tout, il ne figure nulle part sur la BD une mention explicite au fait qu’elle soit destinée à la jeunesse) mais un problème de cohérence interne : comment Karl ne peut-il pas être choqué ? Comment se fait-il que les autres protagonistes, dont les réactions devraient être proportionnelles à l’importance de ces actes, sont aussi apathiques que des personnages de jeu vidéo ? Lorsque les auteurs glissent par ailleurs quelques références sexistes, déjà choquantes pour des adultes, la coupe déjà bien pleine déborde.
Le scénario écrit en roue libre ignore complètement son sujet et manque au final de cette crédibilité indispensable à l’adhésion des lecteurs.