Le loup-garou ne pouvait échapper à l’univers du jeu de rôle. Mutant effrayant, ennemi implacable, il est malgré sa violence devenu le héros de plusieurs jeux de rôle dont deux sont repris ici. De quoi changer d’idée sur cette créature extraordinaire.
Le loup-garou (werewolf pour nos amis anglo-saxons) est, par sa nature mi-humaine mi-animale, l’image par excellence du tueur mystérieux et sanguinaire. Le loup-garou a donc fait l’horreur de nombreux joueurs, comme ceux de Vampire, pour qui le changeur de forme est un ennemi implacable. Les vampires, dont le besoin de sang nécessite de grandes concentrations d’humains, favorisent en effet l’apparition de cités, alors que les loups-garous, proches de la nature, luttent contre l’urbanisation de la Terre. Les affrontements entre les deux groupes se révèlent particulièrement sanglants.
La dualité du loup-garou le rend étrangement attirant. Le lycanthrope est donc devenu en 1991 (1994 en France) le héros du deuxième jeu de la gamme du Monde des Ténèbres avec Loup-Garou : l’Apocalypse.
Dans ce jeu, les loups-garous se retrouvent seuls pour défendre celle qu’ils vénèrent sous le nom de Gaïa, la Terre, mère de toute vie. Ils luttent contre la pollution et la corruption de Gaïa, qu’elle provienne de la technologie des Hommes ou des manœuvres des Vampires. Ils appellent Ver ces différentes manifestations destructrices qu’ils cherchent à éliminer.
C’est le contrôle de la rage, cette rage qui transforme l’humain en bête, qui permet au loup-garou d’utiliser au mieux ses capacités surhumaines dans sa lutte. La crainte de la frénésie est permanente chez lui et peut se traduire soit par un comportement de berseker, soit par une fuite effrénée ; de quoi donner des sueurs froides à ses compagnons d’arme !
La condition des loups-garous est dominée par la conscience que leur fin approche, ce qui les rend désespérés. La peur de l’Apocalypse les ronge car ils craignent de vivre la destruction de leur race et de la nature.
Dans cette gamme, la vision du loup-garou s’est éloignée de l’abomination de la nature qui cherche à assouvir ses pulsions les plus basses. Organisés en groupes cohérents, motivés par un but transcendantal, les loups-garous se révèlent des entités essentielles dans la lutte contre la destruction de la Terre.
Pourtant la fin de l’espèce survient en 2004 lorsque White Wolf choisit de mettre un terme à la gamme avec le supplément dénommé à juste titre Apocalypse.
L’éditeur relance le thème en 2005 (2006 en VF) et sort Loup-Garou : les Déchus. Le jeu permet aux joueurs d’interpréter des meutes de cinq tribus issues de l’union de l’esprit de la Lune (Luna) et de Père Loup.
Malheureusement, les loups-garous ne demeurent pas longtemps des enfants de l’amour car les premiers fils commettent un parricide en trahissant Père Loup. Les meurtriers et leurs descendants sont alors maudits par la Lune, et condamnés à défendre le monde des esprits. Plus précisément, les loups-garous doivent tenter de préserver l’équilibre entre les mondes physique et spirituel.
Le loup-garou doit aussi apprendre à maîtriser sa rage afin de mieux combattre ses ennemis, et notamment les esprits qui possèdent certains humains.
Mais les lycanthropes ont aussi leurs ennemis naturels, comme l’homme et les autres créatures surnaturelles du Monde des Ténèbres. Car malgré leur puissance et leur violence, les loups-garous restent vulnérables face aux vampires, leurs ennemis héréditaires.
Plus mystique mais tout aussi sombre que son prédécesseur, Loup-Garou : les Déchus propose de jouer des êtres qui souffrent de la faute originelle alors que leur mission est, encore une fois, indispensable à l’équilibre du monde existant.
Dans le monde du jeu de rôle, le loup-garou a très largement dépassé sa nature de monstre pour devenir un être violent mais digne, torturé par sa nature bestiale. Vivant dans un environnement sombre et mortel, il se sacrifie sans espoir de rédemption. Un beau rôle à incarner.