Eric possède le Shinning, la capacité de connaitre le passé, le présent et le futur des objets et des personnes qu’il touche. Une malédiction en fait, car le Shinning s’applique à tous et à tout… sauf à lui, alors qu’il connait à peine son nom !
Derrière ce pitch pas forcement original mais attirant se cache une production transalpine, les deux auteurs étant italiens. Le côté introspectif qui transparait dans le résumé est d’autant plus présent dans la BD que l’illustrateur Massimo Carnevale n’hésite pas à exploser sa mise en page dès qu’il s’agit de représenter l’esprit torturé d’un personnage. Son talent, déjà reconnu outre-atlantique – il a réalisé plusieurs couvertures pour la série Y, Le Dernier Homme – est vraiment impressionnant de part la variété des techniques qu’il utilise avec une précision constante.
Mais cette BD en un unique volume lui offre-t-il un espèce suffisant pour exprimer son talent ? A l’heure où les auteurs préfèrent explorer leurs idées sur le long terme et les éditeurs rentabiliser leurs licences sur plusieurs tomes, la sortie d’une BD en un seul tome est un phénomène rare. C’est d’autant plus vrai pour le Don qu’il est en fait constitué en 6 histoires courtes, chacune explorant le passé d’une personne rentrée en contact avec le Shinning – toute ressemblance avec le Dead Zone de Stephen King est bien entendu une évidence.
Ce choix de rythme est à la fois une force et une faiblesse. Une force, parce qu’il faut bien dire que sortir du découpage imposé par le sacro-saint format 64 planches est un sacré plaisir. Une faiblesse, parce que ce 64 planches n’est justement pas le format qui convenait au Don, dont l’organisation en histoires courtes aurait plus eu sa place dans un périodique – mais qu’elle est loin, la faste période où les revues de BD ne se contentaient pas de pré-publication ! Il faut probablement voir dans ce décalage la raison pour laquelle le dernier chapitre sort du cadre précédemment tracé pour apporter à l’album une conclusion aussi artificielle que bâclée…
Graphisme sophistiqué et mise en page léchée ne suffisent pas à rattraper le coup : rarement la publication d’une BD n’a semblé aussi artificielle…