Résumé :
Depuis la disparition de son père enfant, Apollo Kagwa est poursuivi par de drôles de rêves où ce dernier revient le chercher. Cette cruelle blessure résonne de façon très particulière lorsque lui-même devient père.
Sera-t-il un bon père ? Parviendra-t-il à protéger la chair de sa chair des dangers de la vie.
Peu de temps après la naissance de Briant, les nouveaux parents, fatigués par les nuits blanches qu’ils vivent, s’éloignent l’un de l’autre.
Des disputes reviennent au quotidien pire, Emma adopte un comportement de plus en plus étrange et dit que le bébé n’en est pas un !
Notre avis :
Publié en 2017 outre Atlantique, « le changelin » (the changeling en VO) bénéficie enfin d’une traduction chez nous !
C’est en réalité la troisième œuvre traduite de Victor Lavalle, après « Les esseulés » (Acte Sud), et « La balade de Black Tom » (Le bélial) et autant dire que si ceux-ci sont aussi réussis que le roman objet de cet article l’auteur a de beaux jours devant lui !
Une traduction signée Claire Chevalier pour les éditions Actu SF, média sur le site duquel on peut retrouver une interview de Victor Lavalle lors de sa venue en France aux Utopiales à Nantes, et où il revient sur la genèse de ce roman qui est assurément une pépite !
Pour preuve, il fait l’objet d’une adaptation en série, disponible sur Apple TV avec Lakeith Stanfield et Clark Backo dans les rôles principaux d’Appolo Kagwa et Emma Valentine.
Pour les amateurs de VO sachez que la voix du narrateur est celle de Victor Lavalle.
The changeling arrive également auréolé de récompenses littéraires prestigieuses (Prix Locus et prix British Fantasy du meilleur roman d’horreur 2018, Prix World Fantasy du meilleur roman 2018) faut-il rappeler qu’en leur temps des auteurs tels que Clive Barker ou Stephen King les ont également reçus.
Le seul défaut de ce roman (il en faut bien un !) est sans conteste son titre, les plus initiés au folklore européen comprendrons une bonne partie de son intrigue.
Cette piste sérieuse ne gâche pas pour autant le plaisir de lecture car l’œuvre est extrêmement dense et ménage bon nombre de surprises !
Une foultitude de thématiques (L’abandon, la passion des livres, l’amour parental, le rapport aux réseaux sociaux, à la nouvelle technologie), un personnage principal attachant aux cotés duquel on évolue.
Si on aime lire, Apollo ne peut laisser indifférent, et cela même s’il finit par se révéler un peu moins innocent qu’on nous le laissait supposer dans la première partie du livre.
L’écriture de Victor Lavalle relève de la magie, de celle qui prend la main du lecteur et le fait suivre un chemin littéraire dans des territoires angoissants à la frontière du merveilleux et du maléfique.
L’art merveilleux qui tient un rôle prépondérant, même s’il parait difficile de la qualifier comme dans d’autres romans de fantasy tant elle est diffuse…
Elle est bien présente au travers des croyances (un bracelet rouge avec trois nœuds représentant des vœux) ou les représentations de créatures fantastiques (des sorcières, des trolls), et pourtant elle parait impuissante face aux forces du mal que l’on va pouvoir observer à l’œuvre dans « le changelin ».
Roman d’horreur, récit d’Urban fantasy (les personnages évoluent dans un New-York sublimé), « Le changelin » est un livre que l’on termine en se rappelant avec étonnement du début et en saluant le savoir faire de son auteur qui a su nous faire arriver à des lieux du point de départ.
Assurément un gros coup de cœur.
Victor Lavalle est un auteur à suivre.