Il s’appelle Pierre, il a douze ans quand son père le célèbre Charles Perrault l’envoie chez son oncle à la campagne pour trouver l’inspiration afin de séduire une princesse et d’obtenir une charge à la cour de France. Dès son arrivée, dans cette vieille demeure, dans une campagne pauvre, Pierre trouve tout inquiétant et même franchement terrifiant notamment quand une petite fille, Mariette, surgit, cachée dans sa chambre, pour lui expliquer que la mode à la cour n’est plus aux poèmes mais aux contes et que l’une de ses cousines est venue récemment s’inspirer des histoires que seules les vieilles femmes connaissent encore. Alors dans la nuit sombre elle va l’entraîner rencontrer sa vieille nourrice qui va lui raconter une courte histoire. Pierre est dérouté et ne comprend pas trop ce qu’il va faire de cette courte légende. Pourtant le retour va se passer étrangement avec une rencontre désagréable avec Messire Leloup, un homme étrange et pas si humain que cela. Au fil des pages et des nuits entre rêve et réalité, les histoires naissent, du petit chaperon rouge, en passant par Cendrillon ou Ricquet à la houpe.
Un oncle attentionné, une tante pas encore remise de la mort de sa belle soeur, une tombe oubliée dans les ronces, des loups qui tournent et attaquent et au final un père aimant qui revient chercher son fils, lit ses carnets, les commente avec lui et lui demande ou donne des idées de modifications.
On aime cette façon de nous faire rentrer nous les lecteurs dans l’univers des contes de notre enfance. On aime ce mélange de rêve, de réalité, de fantômes, de créatures issues de notre imagination ou d’un monde disparu au fin fond des temps. On aime cette idée de partage et de transmission et pour les plus grand le doute qui rôde encore sur l’origine et l’auteur des Contes de ma mère l’Oye Pierre Darmancour ou Charles Perrault : au final peu importe en fait. Un conte sur des contes fascinants, effrayants juste ce qu’il faut pour passer un excellent moment de lecture. Gaël Aymon est un conteur né, sa plume virevolte, s’insinue dans les recoins oubliés des histoires du passé, tissant des liens entre nous lecteurs d’aujourd’hui et ces vieilles histoires qu’on s’est longtemps transmis oralement avant de les retrouver dans nos albums ou nos romans. Un petit bijou d’écriture et de construction, un héros magnifique, des personnages formidables. Les illustrations de Siegfried de Turckheim offrent un écrin tout particulier à ces histoires toutes en noir et blanc et en ombres inquiétantes avec une couverture magnifique celle du petit Antoine et des ombres bleutés de la nuit qui bientôt rejoindront son carnet merveilleux. Bravo ! A offrir et faire découvrir à tout ceux qui aiment les contes et les belles histoires.