Petit ouvrage paru en série limitée chez Kymera Comics, Lap of the Gods est difficilement racontable. Visiblement Liam Sharp, l’auteur, impressionné par un certain courant de la BD française des années 70 (dont le fleuron fût le regretté Métal Hurlant) a voulu se faire plaisir et s’offrir un trip « à la façon de ». Le résultat est une suite de planches muettes, en noir et blanc, réalisées suivant plusieurs techniques, et dont le fil narratif est, disons, relativement abstrait. Le but n’est d’ailleurs pas de raconter une histoire mais de transmettre des sensations. Lorsque, plus haut, on parlait de l’influence d’un courant de BD, il serait plus judicieux de citer surtout un certain auteur. Car il devient vite évident, au fil des pages, que Liam Sharp a une énorme admiration pour Moëbius, à tel point qu’il en devient quasiment le clone graphique.
Ainsi, en refermant le fascicule, on a la sensation d’avoir voyagé pendant quelques instants dans le passé, d’être revenu à cette époque épique de la BD française où l’on pouvait trouver chaque mois en kiosque « La machine à rêver » et où les délires psychédéliques de Moëbius et de Druillet exploraient de nouveaux territoires. Mais, au-delà de l’aspect éminemment nostalgique de la chose, la virtuosité graphique (même « inspirée ») est réelle et ravira les amateurs de beaux dessins fantasmagoriques en noir et blanc.
Une pure friandise visuelle, donc, que vous ne trouverez pas chez votre libraire habituelle car en quantité très limitée, et que l’on peut acheter uniquement par commande directe auprès de l’éditeur (tous les détails sur leur site).