Il fallait au moins cet album de très grand format pour reprendre et redonner vie à cet intemporel de George Orwell.  Le texte de cet auteur entré dans la légende n’a pas pris une ride et, en ces temps troublés, peut-être est-il grand temps de nous le réapproprier et de le mettre entre toutes les mains avides d’histoire et de réflexion.
Ne vous fiez pas, cependant, à cette première double page qui s’ouvre sur un paysage bucolique verdoyant, une petite porte en bois ouvrant sur le ferme du manoir. En effet bientôt les choses vont changer, bientôt les paroles du sage trop tôt décédé vont ouvrir sur la révolte, chasser les humains et ouvrir le temps des animaux. L’histoire, vous la connaissez, c’est Quentin Gréban qui prête son talent aux illustrations et donne vie à ces animaux pas comme les autres qui vont changer le nom du portique en bois : désormais ce sera la ferme des animaux et plus rien ne sera comme avant.

Le travail de Quentin Gréban est  impressionnant par sa maîtrise des formes, et les expressions qu’il prête aux animaux sont magiques. Comme personne il sait sur des doubles pages inondées de lumière jouer avec les couleurs et recréer les décors et les ambiances. Cette société des animaux peut-elle se construire à l’inverse de celle des hommes ? Est-elle capable de respecter ses principes édictés au tout début de l’aventure ? Au fil des pages, le texte implacable déroule l’aventure et les animaux qui ont pris vie sous les pinceaux de Quentin dévoilent leur vraie nature. Pour le texte bien évidemment, et pour les illustrations d’un  Q. Gréban  plus mûr, toujours aussi vivant et puissant. Magnifique !