Fito est un fan de jeux vidéo. Un jour, Clara, sa meilleure amie, elle aussi addict, lui passe un programme d’un nouveau genre où le joueur est littéralement propulsé dans le jeu. Ce n’est plus une impression de réalisme, c’est la réalité ! Mais que se passe-t-il lorsque l’on a perd toutes ses vies dans un tel jeu ? Clara en fait la douloureuse découverte. Fito se lance alors dans une course contre la montre, et contre le jeu, pour sauver son amie…
La Dernière Vie est une BD datant de 2002 mais restée inédite ne France jusqu’ici – elle a initialement été publiée en Espagne en un seul tome. La Dernière Vie, c’est une sorte d’hommage de Gimenez aux jeux vidéo et surtout à leurs fans. C’est une histoire qui leur est clairement destinée. Les abondantes références ne sont pas grand public et remontent à une période de l’informatique que seule les geek d’un certain âge ont pu connaitre : disquettes, modem 56k et Nebulus (1) sont convoqués. La Dernière Vie, ce n’est rien d’autre que Tron version hardcore.
Rien d’autre, et c’est bien là le problème. Si le regard de Gimenez sur les joueurs ne manque pas de tendresse, il souffre clairement de son âge : neufs ans dans ce milieu, c’est une génération. Les objectifs d’une telle publication en français aujourd’hui sont d’autant plus obscures que le Lombard a eu l’étrange idée d’en faire deux tomes – la VO n’en compte qu’un, et il est évident que l’histoire n’a pas été conçue pour être scindée de la sorte (2).
Rien d’autre, parce qu’hélas ces deux tomes nous ramènent aussi à une douloureuse évidence : l’énorme talent de Gimenez n’arrive à aucun moment à exploser dès lors qu’il créé seul. La rythmique de son scénario est bancale et la narration par à coup. Le lecteur suit les parties de Fito dans les différents jeux proposés par le fameux programme, un à la fois, alors que les enjeux n’avancent pas toujours. Avec parfois même de troublantes incohérences, comme cette fameuse tour d’abord présentée comme le Graal du programme, son "final stage", finalement balayée comme une étape parmi d’autre.
Gimenez, comme écrasé par la charge de scénariste, en oublie aussi de dessiner. Le design est plat et sans saveur – pour un sujet aussi technologique, un comble ! – et les cases parfois bien vides. On peut même déceler quelques erreurs techniques indignes de la trempe du dessinateur de la Caste des Métabarons.
La Dernière Vie n’est certes pas toujours désagréable. Mais son traitement un peu bancal n’en fait pas un indispensable si vous n’êtes ni fan de jeux vidéo, ni fan de Gimenez. Encore que même pour ceux-là…
(1) Un jeu mythique des années 80 dans lequel une grenouille doit gravir une tour
(2) Et raison pour laquelle nous critiquons les deux tomes en une seule fois