Résumé :
L’histoire commence un jeudi à 7H55.
Alors qu’elle se rend à Boston, auprès de sa cancérologue ; le Dr Reed, qui l’a appelé en urgence, Rachel Klein, fraîchement divorcée de Marty O’Neill et qui commence à penser que sa rémission est compromise, n’a pas le temps de s’étonner que sa fille Kylie, qu’elle croit en train d’attendre le bus scolaire, ne réponde pas à une blague qu’elle lui envoie par SMS.
Un inquiétant appel téléphonique va remettre sa vie en perspective : Kylie a été kidnappée !
Rachel est le nouveau maillon de « La chaine », outre payer une rançon, elle va devoir elle aussi sélectionner une personne à qui elle va devoir enlever son enfant et prendre sa place, cela pour libérer sa fille, sans chercher à avertir les autorités.
Notre avis :
Adrian McKinty n’est pas un auteur débutant, mais voilà quelques années qu’aucun livre de lui n’a été édité en France.
Il s’en explique dans la postface de « La chaine » publié en mars (le 11) Chez Fayard/Mazarine : sa série des Sean Duffy (dont les deux premiers volets ont été publiés en 2012 et 2013 chez Stock – Il a reçu le prix Edgar-Allan Poe pour le dernier épisode, inédit chez nous) ne lui rapporte pas suffisamment d’argent, et le projet est à l’origine une nouvelle qu’il ressort d’un tiroir à la demande de son tout nouvel agent littéraire.
A la différence de ces précédents livres, cette nouvelle intrigue n’a pas de lien avec ses origines et se déroule aux Etats-Unis.
Une contrainte imposée là aussi, pour celui qui après des années passées à New-York et dans le Colorado, réside désormais à Melbourne en Australie.
Originaire du comté d’Antrim, Adrian McKinty s’est vu associer à des auteurs tels Ken Bruen et John Connolly comme un représentant de la nouvelle vague du polar irlandais.
Ici, il s’éloigne des univers de Denis Lehane, James Ellroy et Elmore Leonard, noms célèbres du roman noir qui ont pu être apposé au sien par la presse et divers chroniqueurs littéraires.
« La chaine » est un pur thriller, dans lequel on sent un véritable potentiel tout du long de la découverte de ses 400 pages.
L’évocation même de son adaptation cinéma par un des personnages n’étonne pas.
Voilà une intrigue qui n’a rien à envier à d’autres, et on a aucun mal à imaginer que le roman pourra servir de base à un scénario original.
En effet, même si le thème des enlèvements d’enfants sont fréquents au cinéma et dans le genre du thriller, il prend une dimension remarquable avec cette idée de « kidnapping en chaîne ».
Méthode inspirée des celles du cartel de Jalisco (une organisation criminelle mexicaine, un des plus puissants cartel de la drogue de là-bas) et qui trouve un prolongement machiavélique dans les fameuses « chaînes » de correspondances qui condamnent ceux qui les brisent à une fin funeste (dans les faits, le principe est qu’un membre de la même famille peut prendre la place de la personne kidnappée).
Ici, la réussite du dernier maillon revêt d’autant plus d’importance que les précédents peuvent également être victime d’un retour de bâton en cas d’échec.
Une intrigue qui fait froid dans le dos, sans recourir à de la violence excessive.
Des parents capables de se transcender et de violer la loi pour sauver leur progéniture, le ressort scénaristique est toujours aussi fort. C’est aussi l’occasion de brouiller les cartes entre les définitions de victimes et bourreaux.
L’auteur irlandais Adrian McKinty met tout son savoir-faire au service de ce thriller efficace, qui explore également la propension de beaucoup d’internautes à livrer l’intégralité de leurs vies sur les réseaux sociaux. Le darknet, sa zone de non-droit, est également abordé.
Même s’il n’évite pas quelques caricatures du genre, comme par exemple, la romance qui va se dessiner entre Rachel et l’homme qui va lui venir en aide, ou bien ce qui touche à la personnalité des dirigeants de « La chaîne ».
Le roman se divise en deux parties. La première, plus rythmée, met en scène l’enlèvement et l’action qu’il entraine. La seconde relève plus d’une enquête autour de l’organisation qui commandite les kidnappings et met en exergue le traumatisme de l’expérience des victimes.
Une construction qui est là aussi discutable.
Rachel et son beau-frère se révèle de bons personnages, savamment développés, de même Kylie. C’est un peu moins vrai pour les « méchants » commanditaires de l’affaire et pour certains rebondissements.
L’histoire, rapporté dans un style simple, nous tient véritablement en haleine.
L’auteur respecte le contrat qu’il passe avec le lecteur et livre ici un bon thriller, dont l’intrigue est incontestablement mémorable. Un bon divertissement.
Si vous êtes fan du genre ne passez pas à côté de « La Chaine » d’Adrian Mc Kinty aux éditions Mazzarine.