C’est au Grand Théâtre Lumière de 2300 places, chauffé à blanc par Thierry Frémaux, que s’est déroulée le mercredi 20 mai la séance de minuit avec la présentation hors compétition du tout dernier film du réalisateur de Evil Dead : Jusqu’en enfer (Drag Me To Hell).
Le scénario de Sam Raimi – co-écrit avec son frère Ivan – nous plonge dans un fait divers quelques peu arrangé survenu dans l’Oregon en 1996 : Christine Brown (Alison Lohman), jeune employée ambitieuse d’une banque de prêts, refuse sous la pression de son patron d’allouer un crédit supplémentaire à Mrs. Ganush (Lorna Raver). L’argent aurait permis à la vieille femme de conserver sa maison. En représailles, cette dernière jette sur Christine la malédiction du Lamia. Dès lors, la vie de la jeune femme, hantée par un esprit maléfique, va devenir un enfer…
Après la trilogie de blockbusters vantant les mérites de Spiderman, le réalisateur américain avait un grand besoin de faire un film destiné à « divertir le public avec une narration très simple qui ne couterait pas cher et qui ne prendrait pas trop de temps à tourner ». Cette déclaration de Raimi lui-même évoque bien le côté très cheap – presque minimaliste – du long métrage et de sa création. On avait presque l’impression de visionner un film de série B (alors que le film est très bien produit) avec sa bande originale mixant les thèmes des épisodes de Harry Potter et des Contes de la crypte, ses effets spéciaux numériques qui font davantage penser à une série que l’on pourrait intituler “Quand Harry rencontre les sœurs Halliwell”, et son jeu d’acteurs approximatif, voire inexistant par moments.
S’il tente de faire peur au public, le film use et abuse des mêmes vieilles méthodes qui finissent par tuer la surprise, le spectateur devançant tous les effets de montage. Au final, cela ne fonctionne plus et l’ennui gagne les plus rompus aux films de genre. La chute finale – dont les indices sont martelés pendant la narration et qui n’étonne personne car elle est imprimée sur l’affiche – ne peut même pas venir sauver ce film – relativement nul au demeurant – dont le seul attrait reste l’humour noir qui, à lui seul, rempli la fonction de divertissement. Même la critique de la société américaine très secouée ces derniers mois par la crise des crédits hypothécaires, qui aurait donné pourtant un peu de fond au scénario, est complètement fortuite – voire non souhaitée – d’après les affirmations de l’équipe du film en conférence de Presse le matin de la projection cannoise.
Le film aura été ovationné malgré tout – c’est le moins que l’on puisse faire en présence d’un réalisateur d’un aussi grand renom – et devrait quand même plaire à tous les ados pré-pubères du monde entier dont une bonne poignée applaudissait à bras déployés à chaque tentative d’effet de surprise. C’est aussi ça, Cannes !
Sortie sur les écrans français le mercredi 27 mai 2009.