Certains l’auront repéré depuis longtemps, d’autres pas encore, mais ce formidable roman a été réédité en version cartonnée et magnifique.
L’histoire commence à minuit, le clocher de l’église égrène lentement les douze coups. Une jeune femme entre dans l’eau et d’un coup un requin surgit lorsque la foule frémit et tout va se figer et l’ambiance se casser lorsque le requin robot tombe en panne, une fois de plus. Nous sommes dans un parc, Monsterland et le public est venu pour se faire peur face aux plus célèbres monstres du cinéma. Et pour le coup cela devient lassant. Ce robot vieillit décidément mal et l’actrice Susan est furieuse,, elle appelle Richard le chef de la sécurité, cela remonte jusqu’au directeur qui le convoque dans la tête de Krokzilla qui va tout entendre. Car ces robots sont particuliers et pas si inertes que cela. Lors de la réunion se trouve avec eux Stanley vieil ingénieur qui va s’insurger face à la décision du directeur qui en a ras le bol de ce requin de pacotille, qui a fait son temps et doit donc disparaître. On plonge alors dans un moment de grâce, lorsque le vieux Stanley raconte la sortie des « dents de la mort » de John Astruc, producteur de cinéma des années 1970 qui s’est inspiré du grand requin blanc. Le film promis à une catastrophe va rencontrer un succès phénoménal jusqu’au quatrième opus qui entrainera sa chute, le public était passé à autre chose. L’émotion du vieil homme, cette histoire qui nous en rappelle une autre fait face à la froideur et au sionisme du directeur qui ignore cependant qu’à la nuit tombée, les créatures de Monsterland, s’éveillent pour mener une vie secrète.
A minuit,, cette nuit là, tous les monstres étaient réunis tristement autour de Krokzilla et de Jonas et ils ont décidé qu’il fallait évacuer le requin. Malgré les protestations du requin Krokzilla l’entraine et est décidé à le rejeter à la mer. Cette tentative pour sauver son ami lui sera fatale mais Jonas finira dans l’océan, le vrai enfin. Viendront d’autre aventures à partir de là comme la rencontre de Loopy le manchot qui va avoir la peur de sa vie face au requin et aura bien du mal à comprendre que ce n’est pas un vrai requin. Jonas sèmera la panique dans une tranquille station balnéaire avant de se laisser emporter vers le pôle sud.
On aime tout dans cette histoire. Les illustrations en noir et blanc qui de loin en loin donnent un supplément de frisson et d’émotion. On est pris au piège dès les premières lignes et jamais l’intérêt et le charme ne cessent. Tout fonctionne, les robots, la réflexion sur les dangers que représentent l’homme face au requin (qui est le plus nuisible ? ) , la richesse des situations, les personnages étonnants, profonds et attachants… le tout croqué sous la plume de Bertrand Santini et ces petits pointes de cruautés presque affectueuses qui entrainera Jonas vers un destin qu’on n’aurait jamais cru possible.
Un conte, une histoire magiques, un roman à offrir et à partager longtemps. Merveilleux.