L’ancien capitaine John Carter, las de la guerre civile qui ravage les Etats-Unis en cette fin de XIXème siècle, se retrouve mystérieusement envoyé sur la planète Barsoom, où il se laisse entraîner malgré lui dans un terrible conflit entre le peuple de Zodanga et Helium. Dans un monde au bord du gouffre, Carter redécouvre son humanité en prenant conscience que la survie de cette planète et de ses habitants est entre ses mains.
Mais que s’est-il passé dans les têtes d’Andrew Stanton (Le Monde de Nemo, Wall-E, Toy Story…) et Mark Andrews, le scénariste (Ratatouille, Les Indestructibles) pour que leur talent ait pu engendrer cette bouse ??!!
Stanton décrit le roman d’Edgar Rice Burroughs comme « une grande saga d’aventure ponctuée par une histoire d’amour et des manœuvres politiques ». Probablement, mais où est l’aventure dans ce film ? Où sont les manœuvres politiques qui pourraient rendre l’histoire plus complexe et plus adulte ? Nulle part. Le réalisateur reconnaît que les deux personnages principaux, John Carter et la princesse Dejah Thoris, sont de véritables archétypes, mais qu’il a choisi de leur donner « plus de profondeur ». Eh bien je ne sais pas quelle est sa définition du mot, mais elle est très éloignée de la mienne, car pour utiliser des personnages aussi peu étoffés avec une histoire d’amour aussi cliché, le terme profondeur n’est certainement pas bien compris. Ici, on retrouve le pire de ce que peut nous proposer Disney; un film à la Disney Channel imbuvable; un teen-movie affreux. Stanton toujours, dit qu’il a « ôté le côté fantaisie, plus destiné aux enfants, afin d’en faire un film plus légitime, plus adulte dans son approche… ». C’est drôle, cette affirmation, car pour moi le film est clairement et UNIQUEMENT destiné à un public très jeune au vu du peu de travail effectué sur le scénario.
Parlons-en du scénario. Disney, dans son imagination sans faille, a plus que pompé le très agréable Prince of Persia . Et encore, si le film était un tant soit peu divertissant. Mais là, même pas ! On s’ennuie, on ne rit pas, et on n’est loin d’être émerveillé. Prenons la recette de Persia, ajoutons un petit côté S.F. parce que c’est la mode et hop ! on vous refourgue la même chose. La preuve en est avec les acteurs choisis similaires dans les costumes et les poses. Même coupe de cheveux et même genre d’acteurs!
Pareil pour les filles avec une ridicule obsession pour l’ambiance orientale qui ne correspond pas du tout à Mars. Des costumes originaux et adaptés à l’univers S.F. auraient été les bien venus (même chose sur les costumes des guerriers inspirés des tenues grecques).
Les acteurs : un bon jeu bien forcé avec des mimiques d’ados et des pleurs tellement réalistes pour mademoiselle Lynn Collins, qui ferait mieux de faire des pubs pour parfum. Taylor Kitsch est à baffer : un savant mélange de Sam Worthington et Chris Hemworsth, ce qui donne au niveau du charisme quelque chose d’assez pathétique. Les acteurs ne semblent pas croire en leur rôle et leur performance n’a aucune saveur. William Dafoe prête sa voix avec élégance au chef des Tharks. Les Tharks sont l’un des peuples de Barsoom (Mars). C’est le point le plus intéressant du film. Ce sont des créatures à quatre bras possédant deux cornes sur chaque joue. Des êtres cruels dont les comportements sont assez proches de ceux des animaux. Ils ne connaissent pas la faiblesse et ne se mêlent pas des affaires des autres peuples (Zodanga et Hélium – peuples humains) qu’ils méprisent. Tars Sarkas, le chef, est un personnage complexe à la fois dur et touchan t; le meilleur personnage du film. J’aurais souhaité voir une histoire centrée plus autour de lui et sa tribu plutôt que sur l’amourette abrutissante de John Carter et Dejah.
Les Therns, messagers de la déesse Issus, sont également des personnages assez complexes. Ils exploitent la faiblesse des autres peuples qu’ils utilisent à la propre fin. Ils sont aussi capables de se déplacer dans le temps et notamment sur Terre (Jossoom), où Carter trouve leur médaillon. Mark Strong joue leur chef et comme d’habitude fait son boulot comme il faut. Dommage de toujours donner un second rôle à cet acteur qui possède de grandes qualités de jeu.
Comme on pourra le constater, il y a beaucoup de peuples et créatures différentes. La mythologie de la planète n’est que très peu expliquée et on se perd vite dans les différents noms. Tout est mélangé et les croyances Tharks, par exemple, qui semblent intéressantes ne sont pas du tout exploitées au détriment de « l’action à tout prix ».
Un point positif pour les créatures du monde, certes peu nombreuses, mais originales et bien faites. Woola, sorte de chien domestique des Tharks, est assez rigolo même si c’est le seul ressort de comédie de l’histoire, pas très efficace en soi.
Pas d’intérêt non plus au niveau de la musique qui se marie mal à l’ambiance du film.
Au niveau du visuel, comme d’habitude aucun intérêt pour la 3D: beaucoup de douleurs au crâne, car pas mal de mouvements de caméra mal maîtrisés. Les espaces sont vides et peu originaux: ce désert martien a déjà été vu des milliers de fois et les vaisseaux des nations n’ont aucun intérêt. Aucun travail sur les gadgets ni sur l’architecture des cités.
On retrouve les codes visuels habituels de la S.F. : pas d’imagination!!
CONCLUSION
Je pourrais m’étendre bien plus sur l’affligeante nullité de John Carter, mais cela est déjà suffisant. Pas la peine d’aller voir ce film que je préfère ne pas considérer comme un Disney tellement je suis déçue par cette société. L’arrivée de Brave cet été nous fera à tous oublier que ce gros producteur est quand même capable de sortir des choses indigestes.
La prochaine fois, au lieu d’adapter roman, comics ou jeux vidéo, réfléchissez un peu et sortez-nous un bon film divertissant qui ne vous fasse pas passer pour des abrutis.
Sortie le 7 mars.