L’hypnose en question est régressive : il s’agit de la pratique consistant à exhumer chez le sujet hypnotisé des souvenirs d’une vie antérieure. Charley, londonienne de 36 ans, s’essaie un jour à une séance au cours de laquelle elle revit un moment érotique. Rêve ? Suggestion ? Souvenir véritable d’une existence précédente ? Pas évident de répondre, mais la curiosité de la jeune femme est piquée au vif. Alors qu’elle et son mari quittent l’agitation de Londres pour s’installer à la campagne dans une bâtisse pittoresque (un vieux moulin dont l’ancienne propriétaire vient de décéder), Charley se risque à de nouvelles séances d’hypnose, de plus en plus perturbantes et effrayantes…
Auteur prolifique de thrillers et de romans fantastiques, Peter James a signé Hypnose (en v.o. Sweet Heart) en 1990. La version poche que nous avons là n’est donc pas la première édition française, le roman ayant déjà été publié par Bragelonne en 2011 puis en 2013 sous le label Milady. Des rééditions successives méritées car Hypnose est un bon roman fantastique, riche de plusieurs ingrédients typiques qui le placent dans la catégorie des récits de hantise. Cela dit, la principale qualité de l’histoire (outre le portrait très fouillé de son héroïne Charley) vient du choix d’écriture de l’auteur qui, en matière de fantastique, se plie à l’acception énoncée par Tzvetan Todorov dans sa célèbre Introduction à la littérature fantastique : Charley est témoin de visions, d’apparitions, peu à peu on la sent en danger, sous une menace de nature surnaturelle. Cependant la narration est purement subjective, on n’a pas d’autre point de vue que le sien et, jusqu’à la dernière ligne, il est impossible de déterminer si le danger est réel ou si tout se déroule uniquement dans son esprit de patiente hypnotisée. Les émois du personnage s’accompagnent d’une enquête (enfant adoptée, Charley est à la recherche de ses origines), et le tout s’avère parfaitement ficelé. Excellente traduction de Benoît Domis.
En librairie depuis le 12 août 2020.