Pour le réal anglais Matthew Mitchell et sa petite équipe, c’est en soi un miracle que cette production microscopique qui a coûté à peine plus de 1.000 £ (et qui vient d’être projetée à l’édition parisienne de l’Étrange Festival) connaisse chez nous les fastes d’une sortie dvd et blu-ray en bonne et due forme, avec campagne de pub presse et tout et tout. Des honneurs exagérés compte tenu du produit qui nous tombe entre les pognes, habillé d’une jaquette française qui fait de l’œil à tous ceux qui ont aimé La Horde.
Gangsters, Guns & Zombies — ou les tribulations d’une bande de braqueurs de banque dans une Angleterre envahie par les morts-vivants — n’est pourtant pas un survival horror comme le film de Dahan et Rocher. Mitchell mise surtout sur le succès actuel des zombie comedies, genre qu’il aborde avec des personnages tout droit sortis quant à eux d’un film de gangsters semi-parodique des années 1990 (le titre sonne comme une réminiscence de Lock, Stock and Two Smoking Barrels de Guy Ritchie). Les héros sont présentés dans l’ouverture à la manière de Trainspotting, avec arrêts sur image et incrustation du nom des personnages. Oui, c’est très agaçant, d’où cette supputation bien légitime : Gangsters… va-t-il tourner au gloubiboulga de morceaux réchauffés ? Well, yes, Sir : le dialogue cite Zombie de Romero au bout de dix minutes (« When there’s no more room in hell, the dead will walk the Earth », « It’s a direct quote ! » martèle même une voix off — sans blague…), une scène censément drôle, dans un sous-bois, tente une percée asthmatique sur le territoire des Monty Python (avec une attaque de morts-vivants portant heaumes et armures médiévales)… Et puis bon, les comédiens ne sont pas mal du tout, mais à moins d’être un putain de scénariste génial, je ne vois pas comment il est possible aujourd’hui de subjuguer les foules en imposant au spectateur des personnages de malfrats qu’on a déjà vus un million de fois, avec leurs « fuck off! » et leurs « shit! » à tout bout de champ et leurs surnoms rigolos (« Crazy Steve », « Muscles », il y a même un « Danny Boy » et un Tony). Bref, Gangsters… est Z comme tout, ennuyant au possible, aussi mal fichu que le maquillage blafard tartiné à la va vite sur les faciès zombiesques. En provenance des îles britanniques, des productions récentes du même genre et du même calibre se sont avérées beaucoup plus intéressantes, comme les irlandais Dead Meat et Boy Eats Girl, ou encore Doghouse de Jake West. Votre porte-monnaie vous démange et vous brûlez d’envie de claquer une quinzaine d’euros pour une dose de zombies British ? Tapez donc dans ces titres-là !
Sortie en dvd et blu-ray le 2 octobre 2012 (Emylia).