Kamen Rider, c’est un titre créé il y a plus de 50 ans à la télévision japonaise sous la forme d’une série avec comédiens relatant les exploits de héros en armures insectoïdes. Lançant le sous-genre du sentai (un groupe de combattants costumés face à des monstres), Kamen Rider a connu une multitude de variantes et de déclinaisons au fil des décennies (au cinéma, en BD…), la toute dernière en date étant le manga que nous avons ici sous les yeux. Écrit par Riku Sanjo (l’auteur de Dragon Quest, adapté en une version animée qui fut diffusée en France dans le Club Dorothée sous le titre Fly) et dessiné par Masaki Sato (le nom de Shotaro Ishinomori n’est cité en couverture qu’à titre honorifique, le créateur de la série étant décédé en 1998), Fuuto Pi raconte les aventures de Shotaro et Phillip, un duo de détectives employés par l’agence Narumi, dans la ville de Fuuto. Une affaire se présente lorsque le dénommé Shuta Tsubosaki, un jeune type plutôt emprunté, fraîchement débarqué de la campagne, demande à l’agence de retrouver une prétendue sorcière qui lui aurait volé une sacoche importante à ses yeux, et pas seulement parce qu’elle contenait 280.000 yens…

Les héros sont des personnages bien sympathiques, notamment Shotaro, un peu plus mis en avant que son comparse androgyne Phillip, en tout cas dans ce premier volume. Shotaro est un gars soucieux de se donner l’air d’une assurance virile alors qu’au fond, c’est un « doux à cuire », susceptible de tomber, le temps d’un battement de cils, sous le charme de la fameuse sorcière de l’histoire. Car celle-ci n’a rien d’une carabosse au nez crochu, c’est une beauté blonde qui, la nuit, se balade en nuisette (logique), le fin vêtement ne cachant pas grand-chose de sa forte poitrine. Les auteurs trouveront même une idée fumeuse pour la désaper en pleine rue à une ou deux reprises, cela dit sans rien enlever au caractère surnaturel de l’intrigue, où il sera question de mondes parallèles, de cannibalisme, de clés usb magiques capables de donner des pouvoirs spéciaux aux humains…

Et les super-héros en armure, alors ? Eh bien, c’est surprenant, il faut attendre la page 150 pour que le bouquin révèle sa nature de manga sentai, lorsqu’apparaît Kamen Rider W. Le costume blindé à tête de sauterelle du super-héros dissimule à la fois Shotaro et Phillip, qui ont la faculté de fusionner pour donner naissance au personnage. Il fallait bien ça pour régler son compte au vrai grand méchant de l’histoire, non pas la jolie blonde mais un mastard aux crocs pointus à tendances anthropophages, qui fait entre autres des misères à un gang de yakuzas. Le récit s’alourdit parfois d’explications peu claires, mais pas de quoi décrocher : le rythme reste très vif d’un bout à l’autre grâce aux nombreux traits d’humour (bon enfant), à une mise en page hyper dynamique et au coup de crayon soigné de Masaki Sato. Alors malgré les maladresses de traduction (quelques anglicismes de tournure très bizarre), on garde les yeux grands ouverts pour enchaîner illico avec le tome suivant, qui sort en librairie en même temps que celui-ci. Lire ici la chronique !

En librairie le 7 juillet 2022. Pour l’achat couplé des deux tomes en magasin FNAC, vous aurez la joie de vous voir remettre en cadeau trois shikishi représentant les couvertures des volumes de la série (dans la limite des stocks disponibles). Sachez aussi qu’une adaptation animée de Fuuto Pi sera diffusée cet été sur la plateforme de streaming Crunchyroll, à partir du 31 juillet.